Des experts enthousiasmés par deux « remèdes miracles »

21-04-2017

Des experts enthousiasmés par deux « remèdes miracles » contre plusieurs troubles du cerveau, y compris la démence.

Muis

Des chercheurs du UK Medical Research Council (MRC) ont constaté chez des souris que deux produits empêchent la mort des cellules cérébrales consécutive à des maladies neurodégénératives différentes. Ils espèrent que ces produits seront efficaces contre la quasi-totalité de ces troubles. Un de ces produits est déjà utilisé depuis longtemps contre la dépression et peut donc être testé rapidement, l’autre est un anticancéreux expérimental sur lequel des essais sont déjà en cours. Des experts en maladies neurodégénératives sont enthousiasmés par les possibilités de ces produits.

En 2013, une équipe du MRC a, pour la première fois, réussi à arrêter la mort des cellules cérébrales chez des souris, ce qui a fait l’objet de la une des journaux à ce moment-la.

L’équipe avait trouvé une cause à la mort de ces cellules active dans de nombreuses maladies : les maladies neurodégénératives dans laquelle les cellules nerveuses affectées meurent parfois comme l’Alzheimer, la Parkinson, la chorée de Huntington et la sclérose en plaques, mais aussi des maladies du prion comme la maladie de la vache folle

La cause réside dans un déraillement d’un des mécanismes naturels de défense des cellules cérébrales. Si un virus infecte une cellule du cerveau, cela mène à une accumulation de protéines virales. Les cellules réagissent en arrêtant presque totalement la production des protéines pour contrecarrer la propagation du virus.

Dans de nombreux troubles neurodégénératifs, des protéines défectueuses sont produites, des protéines mal repliées, qui déclenchent le même mécanisme de défense, mais avec des conséquences beaucoup plus lourdes. Le mécanisme se dérègle et les cellules du cerveau arrêtent la production de protéines si longtemps qu’elles deviennent « affamées » et en meurent.

Ce processus se répète dans les cellules de tout le cerveau, il peut affecter la mémoire ou la capacité à bouger ou finalement même conduire à la mort, selon le type de maladie.

Le produit, trouvé en 2013, a rétabli la production de protéines chez les souris et a également eu très peu d’effets secondaires sur elles, mais il s’est avéré toxique pour le pancréas chez les humains.

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Une photo par microscope de cellules cérébrales d’un patient affecté par la maladie d’Huntington. Les noyaux des cellules saines à l’arrière-plan sont en bleu. Au centre, en jaune, une cellule du cerveau avec agrégation anormale de la huntingtine, la protéine qui provoque la maladie de Huntington. La tache orange dans le noyau est également une accumulation de protéines et est nommé un corps d’inclusion. (Photo: Dr. Steven Finkbeiner, Gladstone Institute of Neurological Disease, The Taube-Koret Center for Huntington's Disease Research, and the University of California San Francisco)

Trazadone et DBM

La même équipe du MRC a cherché ensuite d’autres produits pour rétablir la production des protéines dans les cellules cérébrales affectées. 1 040 connexions ont été testées, d’abord sur un type de ver rond, c. elegans, ensuite sur des cellules humaines dans une boîte de Pétri.

De ces essais, un certain nombre de candidats possibles ont été retenus, pouvant être testés sur des souris souffrant de maladies du prion et de démence fronto-temporale, une forme de démence.

Ces essais ont identifié deux produits où la production de protéines chez les souris a été rétablie, le chlorhydrate de Trazodone, un remède contre la dépression découvert dans les années 60 et remplacé maintenant en grande partie par des moyens plus modernes, et le dibenzoylméthane (DBM), un médicament expérimental testé actuellement contre le cancer.

Les deux produits empêchent l’apparition de signes de dommages aux cellules cérébrales chez la plupart des souris avec la maladie du prion et restaurent la mémoire des souris avec la démence fronto-temporale. Chez les deux groupes de souris, ces produits réduisent le rétrécissement du cerveau, une caractéristique des maladies neurodégénératives.

Selon la professeure Giovanna Mallucci, dans une communication du MRC : « Les deux drogues ont offert un niveau élevé de protection et empêché l’apparition de trous de mémoire, de la paralysie et de dysfonctionnements des cellules cérébrales ». La Prof. Mallucci a dirigé l’équipe de l’unité de toxicologie à Leicester et du MRC à l’Université de Cambridge qui ont effectué les recherches.

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Un spécimen adulte de Caenorhabditis elegans ou c. elegans, un ver nématode (ou ver rond), utilisé fréquemment dans les laboratoires.

Bientôt des tests sur des humains

Le Trazodone étant déjà utilisé chez d’autres types de patients et s’avérant sûr, le DBM étant actuellement déjà testé cliniquement comme anticancéreux, il est probable que des tests pourront être très rapidement effectués sur des humains pour voir si ces produits fonctionnent également contre la démence.

« Nous savons que l’utilisation du Trazodone est sûre chez les humains, un essai clinique est d’ores et déjà possible pour vérifier si les effets protecteurs du produit constatés chez les souris s’appliquent également dans les premiers stades de l’Alzheimer et d’autres formes de démence. Nous pourrons savoir dans deux à trois ans si cette approche peut ralentir la progression de la maladie, ce qui constituerait une première étape très importante pour le traitement de ces maladies» a déclaré la Prof. Mallucci.

Dans la communiqué du MRC, la Prof. Mallucci précise : « Fait intéressant, le Trazodone est déjà utilisé pour les symptômes des patients dans les derniers stades de la démence, et nous savons qu’il est sûr pour ce groupe de patients. Nous devons maintenant examiner s’il peut ralentir la maladie ou l’arrêter si nous le donnons à des patients à un stade précoce de la maladie ».

« Il est peu probable que nous serons en mesure de guérir complètement les patients, mais si vous pouvez arrêter sa progression, vous pouvez transformer la maladie d’Alzheimer en quelque chose de complètement différent avec lequel on sera en mesure de vivre », a-t-elle ajouté sur le site de la BBC. 

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Une comparaison entre un cerveau normal et le cerveau d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer. 

Enthousiasme

La Prof. Giovanna Mallucci a décrit ces résultats comme « très enthousiasmants », et elle n’est pas la seule.

« Nous sommes enthousiasmés par le potentiel de ces découvertes, cette étude est solide et bien effectuée », a déclaré le Dr. Doug Brown de la société Britannique d’Alzheimer. « Le médicament bloque un mécanisme naturel de défense des cellules qui est hyperactif dans le cerveau des personnes atteintes de démence fronto-temporale, d’Alzheimer et de Parkinson, et il a donc le potentiel de pouvoir fonctionner contre divers troubles. »

« Jusqu'à présent il a seulement été testé chez des souris pour la démence fronto-temporale, mais la société d’Alzheimer finance actuellement des recherches pour le tester également sur des modèles pour l’Alzheimer. »

Le Dr. David Dexter de Parkinson UK qualifié l’étude de « très importante et solide » et a ajouté : « Si ces résultats peuvent être répliqués dans des essais cliniques sur des humains, le Trazodone et le DBM signifient un grand pas en avant ».

« Actuellement nous n’avons aucun moyen pour traiter ces affections, et la perspective de trouver des produits qui peuvent ralentir ou arrêter la progression de la maladie est très enthousiasmante, surtout basée sur des médicaments qui ont déjà subi les longs et coûteux tests pour démontrer que leurs utilisations sont probablement sûrs chez les humains », a déclaré Rob Buckle de la MRC.

La Prof. Mallucci met bien en garde les gens de ne pas expérimenter soi-même avec le Trazodone, même si c’est un médicament qui est déjà utilisé : « Comme professionnel, médecin et scientifique je recommande aux gens d’attendre les résultats ».

 L’étude du MRC est publiée dans le magasine "Brain".

Le MRC est une Agence du gouvernement britannique responsable pour la coordination et le financement de la recherche médicale au Royaume-Uni.

La MRC se concentre sur le financement de la recherche avec grand impact et a fourni du soutien financier et de l’expertise scientifique à un certain nombre de percées médicales, y compris le développement de la pénicilline et la découverte de la structure de l’ADN. La recherche financée par la MRC a, jusqu'à présent, produit 30 lauréats du prix Nobel.

La MRC dispose de 27 centres et trois instituts au Royaume-Uni, un centre en Gambie et un en Ouganda. En outre, il compte encore 26 centres qui développent des « centres d’excellence scientifique » en collaboration avec les universités britanniques.

 

Traduction : Fabien

Source : De Redactie

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