Sclérose Latérale Primitive (SLP) : critères diagnostiques consensuels

15-02-2020

Version abrégée

Résumé :

La Sclérose Latérale Primitive (SLP) est un trouble neurodégénératif du système moteur adulte. Caractérisé par un syndrome lentement progressif du neurone moteur supérieur, le diagnostic est clinique, après exclusion de mimiques structurelles, neurodégénératives et métaboliques. La différentiation de SLP de formes prédominantes du neurone moteur supérieur de la sclérose latérale amyotrophique, reste un défi signifiant dans le début de la phase symptomatique de ces deux troubles, avec un débat continu quant à savoir s’ils forment un continuum thérapeutique et histopathologique. Les critères diagnostiques courants pour SLP peuvent être une barrière pour le développement thérapeutique, requérant de longs délais entre le début des symptômes et le diagnostic formel. Tandis que de nouvelles technologies, sensibles tant à l’implication du neurone moteur supérieur qu’à celle du neurone moteur inférieur, peuvent finalement résoudre les controverses dans le diagnostic de SLP, nous présentons des critères diagnostiques consensuels mis à jour dans le but de réduire le délai du diagnostic, optimiser la conception d’essai thérapeutique et catalyser le développement de thérapie modifiant la maladie.

Le syndrome clinique de base :

Il y a eu des observations cliniques consistantes rapportées parmi multiples séries de cas de SLP.8 L’âge moyen du début des symptômes est vers 50 ans, ce qui est au moins une décennie plus tôt que la SLA non-familiale, et une décennie plus tard que HSP (= Hereditary Spastic Paraplegia =Paraplégie Spastique Héréditaire). Étant donné que des cas ont été rapportés avec des symptômes à début dans l’enfance, beaucoup d’entre eux pourraient maintenant être connectés à des troubles induits par des désordres du développement ou à médiation monogénique. Une prédominance mâle a été notée avec consistance dans la SLP (champ2-4 :1). Un début insidieux est la règle dans la SLP, faisant que les individus atteignent rarement les services neurologiques spécialisés après les tout premiers symptômes. Pour la majorité des patients, les symptômes émergent d’abord dans la basse partie des membres, mais pour une minorité significative, dans les corridors corticobulbaires avec dysarthrie et souvent une émotivité proéminente (syndrome pseudobulbaire). Bien que la dysphagie puisse s’accentuer, la valeur de gastrostomie est bien moins claire que dans la SLA, et le besoin de ventilation non-invasive en SLP est plus exceptionnel. L’implication du membre inférieur en début de la phase des symptômes peut être exprimée comme une sensation de déséquilibre ou perte de fluidité dans la démarche. Une implication sensorielle proéminente ne serait pas évidente. La spasticité avec hyperréflexie pathologique sont des constations d’examen invariables. Bien que la SLP se généralise typiquement pour inclure les membres supérieurs, un début focal des symptômes au membre supérieur est très rare.

Box 1 Critères diagnostiques consensuels pour sclérose latérale primitive (SLP)

1. Principes de base

Le diagnostic de SLP requiert :

A. La présence de:

• âge > 25 ans ;

• symptômes de dysfonction progressive du neurone moteur supérieur (UMN) pour au moins 2 ans ;

• signes de dysfonction UMN* dans au moins deux à trois régions : extrémité basse, extrémité supérieure, bulbaire.

B. L’absence de :

• symptômes sensoriels (non explicable dans une condition comorbide) ;

• dégénérescence active du neurone moteur inférieur (LMN) ;

• diagnostic alternatif : pathologie du neurone moteur supérieur (UMN) démontrée en neuroimagerie, ou identifiée par essai biofluide qui procure une explication alternative plausible pour le syndrome clinique.

2. Certitude du diagnostic

•    ► SLP Probable est définie par l’absence d’une dégénérescence active signifiante de LMN 2-4 ans depuis le du début des symptômes.

•    ► SLP Définitive est définie par l’absence d’une dégénérescence active signifiante de LMN 4 ou plus d’années depuis le début des symptômes.

*Signes cliniques, incluant spasticité et faiblesse associée, hyperréflexie pathologique (incluant Hoffman’s sign (= signe de Hoffman) et réactions bilatérales du gros orteil), trouble pseudobulbaire. Évidence laboratoire de dysfonction UMN de la part de neuroimagerie émergente, biomarqueurs neurophysiologiques et neurochimiques (voir section ‘Technologie émergente’) est en attente de validation.

†Une activité insertionnelle à peine accrue et des ondes positives intenses ou des potentiels de fibrillation dans l’extrémité des muscles sont permis (voir section ‘Considérations électromyographiques’).

‡Voir section ‘Diagnostic différentiel’. Box 2

Box 2 Variantes génétiques rapportées dans un petit pourcentage des syndromes prédominants du neurone moteur supérieur

SPG7*

ALS2*

D4S2963*

C9orf72

DCTN1

PARK2

ERLIN2

FIG4

SYNE2

VEGFA

CLN6

BTD

LRKK2

SQSTM1*

KIF5a*

KIF1a

La sclérose latérale primitive semble être essentiellement un trouble sporadique, avec un diagnostic basé primairement sur des caractéristiques cliniques plutôt que sur le génotype.

*Cas familiaux.

Conclusions :

Les développements dans la neuroimagerie, la neurophysiologie et la biologie moléculaire n’ont pas diminué la reconnaissance de longue date de SLP comme un syndrome distinct, cliniquement défini. Sa rareté et sa trajectoire de survie prolongée ont résulté dans un degré de négligence en termes d’essais thérapeutiques en comparaison avec la SLA. La dépendance traditionnelle de l’EMG avec surinterprétation des marqueurs minimaux d’implication LMN peut contribuer à un délai significatif dans le diagnostic. Le développement d’un registre international qui inclut tous ceux avec ‘SLP probable’ permettra une délimitation plus précise entre la pathogénèse de la SLA, et accélèrera les développements thérapeutiques. A part, en premier, une thérapie modificatrice de la maladie, le besoin le plus pressant non satisfait pour les patients avec la SLP peut bien être le traitement des symptômes fondamentaux plutôt que l’extension de la survie. Le développement d’un soulagement plus efficace de la spasticité qui ne sacrifie pas la force musculaire aurait un grand impact pour ceux qui vivent avec la SLP, non obstant le désir de long terme pour une thérapie neuroprotectrice ou régénérative. Reconnaissant que les avances en phénotypage moléculaire peuvent bien se substituer aux diagnostics purement cliniques, il est à espérer que ces critères pragmatiques procureront une plus grande confiance pour réduire le délai diagnostique, permettant de cette façon l’accès à des thérapies potentiellement modificatrices de la maladie à des niveaux d’incapacité plus bas.

Figure 1

Imagerie du tenseur de diffusion et des résultats de la fluorodésoxyglucose (FDG) tomographie par émission de positrons (TEP) dans les cas de sclérose latérale primitive (SLP). La diffusivité moyenne dans la partie médiane du corps calleux est accrue dans les cas de SLP comparée à la sclérose latérale amyotrophique (ligne A, SLP vs SLA résultats de groupe mis en exergue sur les vues axiales, coronales et sagittales du tractus squelettique de substance blanche ; avec l’aimable autorisation de l’auteur, voir Iwata et al). On peut voir un hypométabolisme focal dans le cortex moteur primaire dans la SLP (ligne B, FDG PET z-score d’images dans les plans sagittal droit, sagittal gauche et axiaux ; avec l’aimable autorisation de l’auteur, voir Claassen et al). Aucune de ces techniques a déjà une sensibilité ou spécificité suffisante pour être appliquée isolément pour le diagnostic de SLP.

 

Traduction : Gerda Eynatten-Bové

Source : BMJ - Journal of Neurology, Neurosurgery, and Psychiatry

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