Les protéines des neurofilaments peuvent-ils aider les cliniciens dans les diagnostics de la SLA?

26-01-2017

Richard Robinson

Au niveau de la SLA, le diagnostic peut prendre jusqu’à 12 mois. Pour identifier plus rapidement les patients, les cliniciens espèrent identifier les biomarqueurs qui peuvent les aider à diagnostiquer la maladie.

Des biomarqueurs élevés? Les neurofilaments (rouges) livrent un soutien structurel crucial aux axiones, mais chez les patients souffrant de la SLA les niveaux des composantes-clés de cette plate forme neuronale semblent être augmentés dans le liquide céphalo-rachidien en plus du fait qu’ils sont libérés par des neurones dégénérescents (Bretteschneider et al, 2006). (Photo: cellules cérébrales d’un rat d’élevage, Wikimedia Commons).

Au niveau de la SLA, le diagnostic peut prendre jusqu’à 12 mois. Pour identifier plus rapidement les patients, les cliniciens espèrent identifier les biomarqueurs qui peuvent les aider à diagnostiquer la maladie.

Un biomarqueur qui est pris en considération, la chaîne lourde phosphorysée de neurofilaments (phosphorylated neurofilament heavy chain (pNfH)), apporte l’espoir au niveau de la SLA et peut dès lors aider pour l’identification des patients atteints de la maladie (Brettschneider et al., 2006; Ganesalingam et al., 2013). Cette accumulation qui se fait probablement par l’addition des dégats aux neurones moteurs peut être également un signal plus général d’une maladie des neurones moteurs (Gajdusel, 1985).

Aujourd’hui, il y a un certain nombre de cliniciens belges défenseurs de l’utilisation du pNfH pour diagnostiquer différentiellement la SLA – avec exclusion des maladies qui partagent les mêmes symptômes. Les résultats portent sur un corpus croissant de matériel de preuves qui montre la mesure de ces protéines qui peut aider à la confirmation du diagnostic (Steinacker et al. 2016). L’étude apporta de la matière pour une discussion animée menée par les experts de la SLA durant une rencontre parallèle du Réseau européen pour la guérision de la SLA (European Network for the Cure of ALS (ENCALS)) en décembre à Dublin.

Le neurologue Philippe Van Damme de l’Université de Leuven présentait les résultats de son étude la plus récente dans laquelle il a comparé les échantillons du liquide céphalo-rachidien de 152 patients avec une SLA cliniquement confirmée avec ceux de 214 cas contrôles qui ne souffrent pas de la SLA mais d’une autre maladie neurologique. Ce qui est essentiel ici est que dans le groupe d’études, 18 personnes incluent des aspects dont une maladie qui ressemble très fort à la SLA mais qui n’est pas la SLA. “Dans la pratique clinique quotidienne, nous n’avons pas besoin d’un marqueur pour différencier la SLA des autres maladies neurologiques, excepté pour les maladies qui imitent la SLA” explique Van Damme, parce que dans la plupart des cas avérés de la SLA le diagnostic est basé sur les symptômes. Les cas de maladies imitant la SLA se trouvent les cas de polyradiculoneuronapathie le demyelinisante inflammatoire chronique (CIDP) et la sclérose primaire multiple progressive (PPMS).

Les chercheurs mesurent les niveaux des composantes clés des neurofilaments axonaux: les chaînes légères de neurofilaments (neurofilament light chain (NfL)), les chaînes lourdes de neurofilaments (neurofilament heavy chain (NfH)) et le NfH phosphorylé (phosphorylated NfH (pNfH). Le niveau de pNfH était plus élevé chez une SLA confirmée que dans les cas contrôles, dont dans les maladies qui ressemblent à la SLA, avec une similitude limitée. Le test identifia d’une manière précise 92% de cas non SLA. Ni les valeurs pour NfH ni pour NfL semblaient utilisables pour distinguer la SLA des autres maladies ressemblantes.

Les résultats suggèrent que les niveaux pNfH peuvent être utiles pour l’identification des patients avec la SLA. L’analyse est actuellement développée par Iron Horse Diagnostics à Phoenix, Arizona (zie nieuws van juli 2016).

“Nos résultats valident les prestations diagnostiques de pNfH dans un environnement diagnostique réaliste”, conclut ainsi Van Damme.

pNfH: un instrument de prévision?

Il reste encore des questions importantes sans réponse. Le pNfH pourrait-il être utilisé pour prédire si les patients souffrent de la forme familiale de la maladie? L’équipe de Van Damme testa des individus asymptomatiques qui courrent le risque de souffrir de la SLA parce qu’ils étaient porteurs de l’expansion répétitive du C9orf72. Les niveaux pNfH n’étaient pas plus élevés que les cas contrôles et cela laisse donc la question ouverte de savoir si l’analyse peut être utile dans la prévision du timing du commencement de la maladie.

Une autre question est de savoir si les niveaux de pNfH peuvent refléter l’état de la maladie, ce qui pourrait être utile comme indicateur pour une thérapie efficace. Les scientifiques ont analysé les échantillons longitudinaux d’un sous-groupe de patients, mais n’ont pas trouvé de corrélation forte entre les valeurs pNfH et le début de la maladie. Au contraire, les niveaux pNfH chez les patients individuels restèrent stables durant le déroulement.


Stratifier la SLA? La mesure des niveaux des composantes clés des filaments neuronaux peut aider les cliniciens par la détection de l’efficacité des tests cliniques par la classification des patients selon le rapport d’évolution par lequel l’hétérogénéité est réduite. (Photo : Kornreich et al. (2015) onder CC BY-NC 3.0).

L’important est que d’autre part, le constat des chercheurs selon lequel les niveaux de pNfH semblent être plus élevés chez les patients avec une évolution rapide, ce qui suggère que cette analyse peut être utile dans le pronostic de la SLA. Les résultats ressortent d’un corpus croissant de matériel de preuve qui prouve que la mesure des niveaux de certaines composantes des neurofilaments dans le sang et dans le liquide céphalo-rachidien pourrait être précieuse dans les tests cliniques pour la stratification des patients selon un probable rapport d’évolution (Boylan et al., 2013; Lu et al., 2015; Lu et al., 2015).

Certains neurologues restent plutôt sceptiques concernant les résultats de Van Damme en rapport avec l’utilisation du pNfH pour accélérer le diagnostic de la SLA. La raison de ceci, dit le neurologue Michael Benatat de l’Université de Miami, est que les patients qui semblent avoir des maladies qui ressemblent à la SLA furent identifiés préalablement. “Dans l’hôpital la grande majorité des patients SLA semble l’avoir”, selon Benatar. “Nous ne pourrons finalement pas juger de l’utilité du test à moins que nous essayons dans une étude longitudinale chez les patients chez lesquels nous cherchons à l’aveugle le diagnostic”.

Le neurologue Martin Turner de l’Université d’Oxford en Angleterre est d’accord: “Nous devrions démarrer, avec plusieurs centres, une étude internationale sur les maladies “imitantes” avec un degré d’incertitude réel”, dit-il.

La mesure des niveaux pNfH aurait la plus grande utilité dans les tests cliniques dans lesquels les patients seraient stratifiés selon les probables rapports d’évolution comme le suggère Turner. Si les chercheurs arrivent à la découverte qu’une modification des niveaux pNfH correspond à un changement clinique majeur concernant la fonction ou la durée de survie, cela peut être utile comme indication préalable de l’efficience, par lesquels les tests plus courts sont possibles. Selon Turner, jusqu’à ce moment-là, le pNfH devra être utilisé comme méthode exploratrice dans les tests cliniques et que ces tests devront être réussis – en résumant un fameux travail.

Enfin, il y a des limites au pNfH ou pour quelque soit le test diagnostique pour limiter le retard des 12 mois durant lesquels dure le diagnostic si typique pour la SLA, dit Turner. Cela survient parce que les patients nient souvent ou ne veulent pas reconnaître les premiers symptômes, ou consulter d’autres spécialistes, comme des orthopédistes. Du temps précieux se perd ainsi avant qu’ils n’aillent consulter un neurologue.

“Tout à fait d’accord” dit Van Damme. “Nous ne savons pas encore si cette analyse permettra un diagnostic plus précoce”.

 

Traduction : Hedwige

Source : The ALS Research Forum

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