15-04-2025
La SLA, ou sclérose latérale amyotrophique, est une maladie neurologique dévastatrice qui affecte les cellules nerveuses motrices. Après le diagnostic, les patients ont en moyenne deux à cinq ans à vivre et il n’existe actuellement aucun remède pour arrêter la maladie. Des scientifiques de la KU Leuven et du Centre VIB de recherche sur le cerveau ont fait une découverte remarquable: de petites structures ressemblant à des antennes sur les cellules, appelées cils, semblent jouer un rôle clé dans la SLA. Leur étude, publiée dans la revue scientifique Brain, pourrait ouvrir de nouvelles voies thérapeutiques.
La SLA est la maladie du motoneurone la plus courante chez les adultes. La maladie affecte spécifiquement les cellules nerveuses motrices. Ce sont les cellules qui envoient des signaux du cerveau aux muscles pour permettre le mouvement. Dans la SLA, ces cellules disparaissent lentement, ce qui entraîne une perte progressive de la force musculaire des patients. Les conséquences sont graves: paralysie, troubles de la déglutition, difficultés à parler et à respirer. En général, les patients décèdent dans les deux à cinq ans suivant l’apparition des symptômes.
Malgré des recherches intensives, la cause exacte de la mort des motoneurones reste incertaine. Les scientifiques pointent désormais un lien possible avec les soi-disant cils – des «antennes» microscopiques sur nos cellules qui sont essentielles pour recevoir et traiter des signaux importants.

Cellules de patients porteurs d’une mutation C21orf2 avec des cils primaires endommagés (vert)
Un accroc
En 2016, un consortium international, dirigé en Belgique par le professeur Philip Van
Damme, neurologue à l’UZ Leuven et chercheur à la KU Leuven, a identifié le gène C21orf2 comme un nouveau gène lié à la SLA. Des recherches antérieures ont montré que les mutations du gène C21orf2 peuvent endommager les cils dans d’autres maladies. Cela a donné aux chercheurs l’idée d’étudier si le même mécanisme joue également un rôle dans la SLA.
En collaboration avec le laboratoire du professeur Ludo Van Den Bosch (VIB-KU Leuven), les chercheurs ont découvert que des mutations dans C21orf2 perturbent la formation et la structure des cils primaires. Les cellules nerveuses des patients atteints de SLA présentant ces mutations avaient moins de cils, et les cils encore présents étaient sensiblement plus courts.
‘’Ces dommages font que les cils ne fonctionnent plus correctement’’, explique Mathias De Decker, premier auteur de l’étude. ‘’Nous avons constaté qu’une voie de signalisation importante – la voie de signalisation dite ‘’Sonic Hedgehog’’ (Shh) – était perturbée. Cette voie est cruciale pour la santé des motoneurones. Sans elle, les neurones ne peuvent pas établir de bonnes connexions avec les muscles, appelées jonctions neuromusculaires. Et sans ces connexions, les muscles ne fonctionnent plus.’’
Réparation de l’antenne
Les chercheurs voulaient savoir s’ils pouvaient résoudre ces problèmes. Ils ont réalisé des expériences supplémentaires et ont découvert que la restauration de la quantité de C21orf2 dans les cellules endommagées ramenait les cils à la normale. Cela a réactivé la voie de signalisation Shh, permettant aux cellules nerveuses de se reconnecter aux muscles.
Une observation remarquable: des problèmes similaires au niveau des cils ont également été constatés dans les motoneurones de patients atteints de SLA présentant des mutations dans le gène C9orf72, l’une des causes génétiques les plus courantes de la SLA. Cela suggère que les dysfonctionnements des cils ne se limitent pas à un seul sous-type de SLA, mais peuvent jouer un rôle plus large dans la maladie.
Le professeur Philip Van Damme voit du potentiel dans ces découvertes:
‘’Ces observations soulèvent de nombreuses questions, mais ouvrent également de nouvelles pistes de recherche. La restauration de C21orf2 a permis de réparer les problèmes de cils et les connexions aux muscles. Cela suggère que cibler les dysfonctionnements des cils pourrait devenir une nouvelle approche thérapeutique potentielle pour la SLA.’’
Publication
Les mutations C21ORF2 indiquent un dysfonctionnement primaire des cils dans la sclérose latérale amyotrophique. De Decker, et al. Cerveau, 2024. DOI: /10.1093/brain/awae331.
Traduction: Gerda Eynatten-Bové
Source: site web VIB