Brad Smith, un homme rendu muet par la sclérose latérale amyotrophique, parle à nouveau depuis que des chirurgiens ont implanté dans son cortex moteur un « Lien » Neuralink de la taille d’une pièce de monnaie avec 1 024 électrodes, lui permettant de diriger un curseur et de déclencher une parole générée par l’IA, utilisant la pensée pure.
Smith est la première personne atteinte de SLA, et le troisième humain globalement, à recevoir l’interface expérimentale. Sa déclaration : « Je tape ceci avec mon cerveau », partagée via un tweet d’Elon Musk, illustre le potentiel de l’appareil. « C’est mon principal moyen de communication », a-t-il ajouté.
Avant que l’implant ne puisse obtenir le soutien du grand public, il doit toutefois terminer son étude de faisabilité préliminaire en cours, réussir un essai pivot de plus grande envergure et obtenir l’approbation de la FDA avant la mise sur le marché, un processus d’approbations qui s’étend généralement sur plusieurs années et sur plusieurs sites cliniques.
Elon Musk a confirmé que Smith participe à son premier essai clinique (appelé l’Etude PRIME) visant à prouver l’innocuité et l’utilité du dispositif pour les personnes atteintes de paralysie. Les trois participants initiaux (deux avec des lésions de la moelle épinière et Smith atteint de SLA) portent l’implant.
Implant cérébral : 1 024 électrodes dans le cortex moteur
[Image from Neuralink]
Le « Link » N1 de Neuralink a un diamètre d’environ cinq pièces de 25 cents empilées et remplace un cercle correspondant du crâne. Pendant l’opération, un robot ultra-rapide insère 64 faisceaux de fils polymères fins comme des cheveux, soit 1 024 électrodes d’enregistrement au total, de juste quelques millimètres de profondeur dans le cerveau, tout en évitant automatiquement les vaisseaux sanguins, « il n’y a donc presque pas de saignement », selon Smith.
Contrairement au Stentrode de Synchron, qui s’insère dans la veine jugulaire et se place dans un vaisseau sanguin proche du cortex moteur, avec seulement 16 électrodes d’enregistrement et sans ouverture du crâne, le Link de Neuralink nécessite une craniotomie de la taille d’un ongle du pouce et 1 024 fils polymères insérés directement dans le tissu cérébral, échangeant un accès minimalement invasif contre un flux de données plus riche et un risque chirurgical plus élevé. En bref, Neuralink fait le pari qu’un nombre de canaux plus élevé justifiera une intervention chirurgicale plus risquée, tandis que Synchron échange la bande passante au profit d’un accès vasculaire et d’un suivi de soins plus simple.
Une fois implanté, le Link se loge invisiblement sous le cuir chevelu et transmet sans fil, via Bluetooth, le riche flux de données de ses électrodes à un ordinateur portable situé à proximité. Là, ses algorithmes analysent les schémas neuronaux captés par le cortex moteur de Smith et décodent ses mouvements intentionnels. Après avoir constaté que les mouvements imaginaires des mains produisaient des signaux faibles en raison de la SLA, les ingénieurs de Neuralink ont découvert que les tentatives de Smith pour effectuer de subtils mouvements de langue produisaient un signal plus fiable. En se concentrant sur ces mouvements de langue, Smith a appris à traduire ses pensées en contrôlant en temps réel le curseur de l’écran.
Une ensemble d’accessibilités
Une fois le contrôle du curseur devenu naturel, Smith et les ingénieurs de Neuralink ont ajouté un ensemble d’accessibilités : un clavier à texte prédictif, des macros pour « copier », « coller » et « annuler », ainsi qu’une application de chat sur mesure utilisant Grok 3 pour suggérer des réponses et les lire à voix haute en utilisant un clone numérique de la voix de Smith avant sa SLA. « Ça me permet de rester dans la conversation », a-t-il déclaré, même si l’IA propose parfois des idées de cadeaux, comme offrir « un bouquet de carottes » à un amoureux des chevaux.
Ces gains en termes de qualité de vie justifient l’observation des premiers contretemps. Le premier participant à l’étude Neuralink, Noland Arbaugh, tétraplégique, a perdu les signaux utilisables d’environ 85 % de ses fils dans le mois suivant l’opération. L’entreprise a imputé cette perte aux mouvements cérébraux naturels et, désormais, place les filaments plus profondément de plusieurs millimètres.
Traduction : Viviane
Source: R&D World