Les chercheurs pour la sclérose latérale amyotrophique (SLA) n'ont pas chômé

27-05-2010

Les chercheurs pour la sclérose latérale amyotrophique (SLA) n’ont pas chômé depuis la tenue du 5e symposium de la Fondation André-Delambre, en septembre dernier. Une variation dans la génétique de la maladie a été observée pour la toute première fois par l’équipe du neurologue Jean-Pierre Julien. L’interaction du gène chromogranine B (CHGB) avec les protéines responsables de 20% des cas familiaux de SLA, les superoxydes dismutases (SOD1), « ouvre des portes pour la compréhension des cas sporadiques ».

Sclérose latérale amyotrophique

Première piste pour comprendre les cas non héréditaires

Une variation dans le gène chromogranine B (CHGB), la variation P413L, pourrait représenter un facteur de risque dans le développement de la maladie neurodégénérative de la sclérose latérale amyotrophique. C’est ce qu’avance une étude récemment menée par l’équipe du neurologue et chercheur au Centre hospitalier de l’Université Laval (CHUL), Jean-Pierre Julien. L’ADN de 700 Québécois et Français a été séquencé et comparé par l’équipe du chercheur. Puisqu’il s’agit de génétique, fait valoir Jean-Pierre Julien, la sélection des patients et des contrôles (sujets pigés dans la famille ou dans le même bassin ethnique que les patients) revêtait une importance toute spéciale. « L’analyse de l’ADN de patients de la Suède différait de celle des Québécois et Français » de par l’origine différente des deux derniers, justifie le chercheur.

La variation du gène CHGB, qui a été observée chez 17% des patients atteints de SLA, a également été observée chez 5% des contrôles. Le fait que le polymorphisme P413L se soit retrouvé aussi bien chez les sujets issus de la population que chez les patients atteints de la maladie laisse donc présumer qu’il s’agit bel et bien d’un « facteur de risque » non héréditaire. « Il est très rare que l’on trouve des causes sporadiques » aux maladies neurodégénératives, assure Jean-Pierre Julien. À la lumière des statistiques issues de l’étude, la variation P413L représente « probablement un des gènes qui contribuent à la maladie », avance-t-il.

Comprendre le vieillissement des cellules dégénérescentes

Les chromogranines B (CHGB) sont responsables de la sécrétion dans les cellules, explique Jean-Pierre Julien. Leur transformation en P413L est donc pressentie pour rendre ce mécanisme moins efficace. « Une variation survient dans l’acide aminé, renchérit le chercheur. La proline se transforme en leucine ».

Le mécanisme par lequel la variation dans le gène survient n’est pas encore clair, mais l’équipe de Julien croit que « la cellule qui est porteuse de la variation P413L se détériorera plus vite ». De ce fait, l’étude a permis de remarquer que les patients porteurs du gène sont frappés par la maladie « 10 ans plus tôt que les autres ». D’autant plus que le gène CHGB s’est révélé être à l’origine des cas aussi bien héréditaires que sporadiques.

Jean-Pierre Julien ne croit toutefois pas que la variation soit la cause de la dégénérescence de la cellule. « La variation P413L n’a pas une grande toxicité », affirme-t-il. « La variation ne tuera pas d’un coup la cellule, mais aura certainement un effet à long terme », estime-t-il.

Le chercheur avance que la variation génétique observée par son équipe représente bel et bien un facteur de risque, « mais que ce n’est probablement pas la cause majeure ». L’interaction de la variation du gène CHGB avec les superoxydes dismutases (SOD1) est responsable de « seulement 10% des cas observés chez les patients », soutient le neurologue. Environ « 90% des cas sont donc causés par l’interaction de plusieurs gènes », soutient-il.

Le mécanisme du vieillissement des cellules propre aux maladies neurodégénératives demeure encore mal connu. Jean-Pierre Julien l’explique toutefois sommairement par « une accumulation de facteurs de risque ». La découverte du polymorphisme P413L associé à la SLA, bien qu’il ne représente qu’un gène et qu’un facteur de risque, est néanmoins une piste à suivre, assure-t-il.

Une recherche inusitée

Jean-Pierre Julien rapporte que son équipe est actuellement la seule à travailler avec la chromogranine B dans le cadre de la recherche pour la sclérose latérale amyotrophique. « Les chromogranines n’avaient pas encore été explorées », assure-t-il. La recherche se poursuit donc avec l’introduction du gène CHGB en culture cellulaire.

Rappelons que la sclérose fait référence au durcissement des régions affectées par la maladie, dans ce cas-ci, la corne antérieure de la moelle épinière d’où émane l’influx nerveux. Par latérale, on décrit la région touchée. Le terme amyotrophique signifie finalement « muscle sans nourriture », ce qui fait référence à l’atrophie des muscles à cause de la dégénérescence des neurones-moteur, responsables de l’influx nerveux. « Dans la plupart des cas, le patient est lucide du début à la fin et constate le handicap progressif de son corps », explique finalement l’expert en organogénèse à l’Université Laval, François Berthod.

 

Source : impactcampus.qc.ca

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