La SLA, une maladie ou plusieurs?

05-04-2011

Richard Robinson

Une question cruciale émerge alors que de nouvelles découvertes concernant les causes de la SLA se font jour : la SLA est-ce une maladie ou plusieurs présentant des symptômes similaires ? Selon Nigel Leigh, spécialiste en neurologie au King’s College de Londres, la réponse à cette question est primordiale parce que cela pourrait mettre en lumière des différences entre patients dans le pronostic de la maladie et la réponse au traitement, ce qui pourrait aider à affiner les études cliniques.

Prenant la parole à la fin du discours de clôture lors du Symposium International/ Maladies du motoneurone tenu par The ALS Association à Orlando (Floride), le docteur Leigh a fourni matière à réflexion aux chercheurs et cliniciens qui terminaient leurs discussions. Le docteur Leigh est professeur à l’Institut de Psychiatrie au King’s College à Londres et a mené des études tant cliniques que scientifiques sur la SLA.

C’est un fait connu depuis longtemps pour les cliniciens que les personnes dont les symptômes se déclarent d’abord dans les membres inférieurs vivent plus longtemps que ceux  présentant d’abord des symptômes bulbaires (concernant la déglutition) ; toutefois les raisons de cette différence de pronostic vital ne sont pas connues. D’après le docteur Leigh, la question à se poser est, “Quelle est la signification biologique de ces différences ? ”

La découverte de nouveaux gènes au cours de ces dernières années a rendu la SLA bien plus complexe, suggérant qu’il pourrait y avoir de multiples causes primaires à la maladie. Et des mutations dans au moins un gène, appelé TDP-43, peut aussi bien provoquer la SLA et une autre maladie, la dégénérescence lobaire fronto-temporale.  Il se pourrait que les deux maladies ne soient deux extrêmes d’un même spectre, une idée défendue par Virginia Lee plus tôt au cours de la rencontre.

Le docteur Leigh estime qu’il y a bien plus en jeu puisque de nouveaux moyens technologiques permettront la découverte de davantage de gènes susceptibles d’influencer les risques de SLA. La découverte récente du gène VCP (protéine contenant de la valosine) en est un exemple.

Le système de classification idéal serait de regrouper les cas soit par mécanisme sous-jacent de la maladie, soit par pronostics similaires.  “Chacune de ces propriétés serait un moyen de classification valable  et efficace pour les études cliniques. ” d’après le docteur Leigh.

Pour le moment, la plupart des études cliniques incluent des PALS de tous types en dépit des différences de pronostics. Ce qui signifie dès lors que l’effet positif d’un traitement sur la progression de la maladie pourrait être perdu de vue soit parce qu’il n’est pas assez percutant que pour se détacher clairement de la variabilité naturelle d’un patient à l’autre, soit parce que le traitement n’est efficace que dans certains sous-types de SLA.

“La question clé pour les chercheurs est de savoir s’il s’agit plutôt d’avoir une approche de ‘regroupement’ ou au contraire de ‘sélection’ dans la classification de la SLA. ” dit le docteur Leigh. “Cette question doit être résolue pour permettre des progrès futurs en génétique, pour la découverte de biomarqueurs et de médicaments. Il se pourrait que la persistance dans le regroupement des patients dans le modèle clinique des essais cliniques soit l’une des raisons principales de l’insuccès dans la quête de thérapies susceptibles de modifier la maladie. ”

Mais il y a des obstacles pratiques à la ‘sélection’. Un défi majeur pour toute étude clinique sur la SLA est le recrutement de suffisamment de patients afin d’atteindre une ‘force statistique’, c’est-à-dire que les résultats qu’ils soient négatifs ou positifs peuvent être considérés comme définitifs. En effet, si le recrutement  de patients devait être limité à certains sous-types de SLA, ceux-ci pourraient être encore plus difficiles à mener, du moins s’il n’y a pas d’augmentation du nombre de patients recrutés dans des études. C’est un défi que la communauté d’essais cliniques sur la SLA prend à bras le corps actuellement.

Le docteur Leigh et ses collègue ont commencé par déterminer des sous types pertinents pour les essais cliniques en analysant les résultats obtenus sur un vaste groupe de patients et en répertoriant les facteurs qui permettaient de prévoir au mieux le pronostic. Et ils ont découvert que deux facteurs prévoyaient au mieux la variabilité au sein des groupes : l’endroit où les premiers symptômes se déclaraient (forme bulbaire ou atteinte des membres) et le délai entre les premiers symptômes et le diagnostic, un délai plus long indiquant une survie plus longue.

“Ce n’est pas notre dernier mot sur le sujet, ” s’est empressé d’ajouter le docteur Leigh, mais cela pourrait être un point de départ pour une adaptation future, dans le but de définir des divisions naturelles parmi les cas de SLA afin d’accélérer les études cliniques.  De nouvelles perspectives d’un point de vue génétique pourraient être la principale source d’idées pour mieux comprendre les différences entre patients.

“Le point fort de ce type d’approche est qu’il permet la réalisation d’études cliniques susceptibles d’apporter des réponses plus rapides et précises, ” affirme Lucie Bruijn, directrice scientifique de l’ALS Association. “Nous continuerons à explorer les meilleurs moyens pour comprendre la SLA sous toutes ses formes, et à  concevoir des thérapies afin de traiter chacune d’entre elles. Nous veillerons également à trouver les moyens pour augmenter le taux de recrutements pour les essais cliniques dans le but de s’assurer que les résultats de tout essai soit définitif. ”

Traduction: Estelle

Source: MND Victoria 

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