Nuedexta, plus qu’une action émotionnelle?

Par Michelle Pflumm, Ph.D.

Un duo dynamique?

Nuedexta contient du dextromethorphan (DM) (voir ci-dessous) et une petite quantité de Quinidine afin de retarder la désintégration du DM.

 

La perte de la capacité de parler est une des plus grandes craintes des personnes atteintes par la SLA. Pour la plupart des patients, ce phénomène ne se manifeste que tard dans l’évolution de la maladie. Cependant, pour ceux qui souffrent du syndrome pseudobulbaire lié à la SLA, la perte du langage est parmi les premiers symptômes de cette pathologie.  

Actuellement, des chercheurs américains s’empressent d’évaluer un médicament qui pourrait aider les patients SLA à maintenir leur ’soi-disant’ contrôle bulbaire. Aux Etats-Unis, le médicament Nuedexta est pour le moment administré aux patients afin de mieux contrôler leurs émotions, en incluant ceux qui sont affectés par la SLA,

Actuellement, au moins trois médicaments, dont Nuedexta, sont sensés d’améliorer la qualité de vie des patients SLA, sont en phases d’évaluation.

Le neurologue, Dr Richard Alan Smith, chef de l’équipe des recherches au Centre d’Etudes Neurologique (CNS) déclare : «Si vous pouvez améliorer la qualité de vie, cela signifie un réel progrès dans la lutte contre la maladie et un soutien pour les patients ».

L’essai clinique fait parti d’un nombre d’études reprises dans l’inventaire grandissant de ‘TREAT ALS’, une initiative de l’Association SLA américaine pour aider à l’introduction de nouveaux médicaments dans les cliniques.  

Dans les années 1990, les scientifiques du CNS suspectaient que le Dextromethorphan (DM), une substance neuroprotective, pouvait avoir un effet ralentissant la progression de la SLA. Au cours d’une évaluation sommaire de la première phase d’administration du médicament aux personnes débutant la maladie SLA, l’équipe notait un résultat complémentaire. La DM aidait ces patients à mieux contrôler leurs émotions.

Au début des années 2000, les essais cliniques des phases deux et trois, démontraient que les épisodes involontaires, fréquentes, incontrôlables et soudaines d’éclats de rires ou de pleurs chez les patients, diminuaient de 50%.

Cette condition neurologique est connue sous le nom de syndrome pseudobulbaire (PBA). Elle se présente dans 20 à 50% des cas de la SLA. On suspecte qu’elle est causée par l’endommagement structurel de certaines parties du cerveau contrôlant les émotions.

En octobre 2010, le médicament, entretemps renommé Nuedexta, fut reconnu dans le traitement de la PBA par la FDA (Food and Drug Administration).

 

Communication

  

Le language, (Parler, une possibilité de rêver - To speak, perchance to dream)

Les scientifiques pensent que le DM peut stimuler les récepteurs, couvrant les motoneurones dans le tronc cérébral, à améliorer le langage et la déglutition des patients. Longone, 9. et al (2011)

 

Cependant, Nuedexta pourrait faire plus qu’aider ces patients SLA à maintenir leurs émotions sous contrôle.

Selon des observations anecdotiques, un nombre croissant de patients SLA sous médication Nuedexta semblent montrer une amélioration rapide et qualitative du langage et de la déglutition.

 «Nous savons que Nuedexta peut aider à diminuer le PBA», déclare le neurologue Dr Rick Bedlack. «Mais c’est époustouflant de voir que ce médicament est aussi capable d’améliorer le dysfonctionnement (bulbaire) des motoneurones, au moins d’une façon temporaire». 

Le médicament, agissant sur les récepteurs couvrant les motoneurones dans le tronc cérébral, pourrait ainsi aider les patients à maintenir le contrôle bulbaire.  

Aujourd’hui, l’équipe américaine se prépare à tester le Nuedexta chez des patients SLA ayant des troubles du langage et de la déglutition (la dysphagie). L’examen aura lieu au site du 7 Northeast ALS Consortium (NEALS) de l’Hôpital Général de Massachusetts. Contrôlés au moyen d’un test clinique randomisé, tous les participants seront traités avec le Nuedexta et un placébo durant 30 jours consécutifs. Le teste effectif et celui du contrôle seront séparés de 10 à 15 jours. Concernant les troubles du langage et de la dysphagie, les objectifs primaires envelopperont l’appréciation des améliorations cliniques et celles rapportées par les participants. D’autres résultats seront mesurés par la SLAFRS (Amyotrophic Lateral Sclerosis Functional Rating Scale). La participation est estimée à 60 patients SLA. 

Le teste est prévu pour le début de l’automne 2012.

Spécifiquement destiné à aider à l’amélioration des troubles du langage et de la déglutition, le Nuedexta est le premier médicament à être testé. 

«Nous pouvons compenser certaines capacités que les patients ont perdues, mais nous sommes incapables de résoudre les troubles et de les guérir», dit Dr Bedlack. «Maintenant, c’est pour la première fois, que nous voyons les choses telles quelles».

 

Traduction : Ligue SLA

Source : ALS TDI

Echelle de mesure

L’échelle fonctionnelle de la CNS se base sur les rapports que font de patients (voir tableau ci-dessous). Cette échelle fut co-développée par Patientslikeme. Elle sera employée pour estimer la capacité de Nuedexta d’améliorer les troubles du langage et la dyphagie des patients SLA. – Tableau mis à disposition par Dr Paul Wicks PhD – reproduction autorisée.

Déglutition Langage Salivation
1. Trouble de déglutition 1. Mon parler est difficilement compréhensible. 1. L’excès de salive me trouble.
2. Couper ma nourriture en petits morceaux facilite la mastication et la déglutition. 2. Pour être compris, je me répète. 2. Je prends des médicaments pour contrôler la sécrétion de bave.
3. Pour avaler j’ai changé de régime (nourriture molle). 3. Les personnes qui me comprennent, rapportent aux autres ce que j’ai dit. 3. L’excès de salive m’étouffe.
4. Après avoir avaler de la nourriture, je m’étouffe. 4. Pour communiquer, j’écris ou j’emploie des appareils, par exemple: mon ordinateur. 4. L’excès de bave me cause de la frustration et m’embarrasse.
5. Il me prend plus de temps pour manger 5. Je parle moins car cela me demande trop d’effort. 5. Le matin, j’observe de la salive sur mon oreiller.
6. Mon poids se réduit parce que je ne sais pas manger correctement 6. Mon langage est plus lent qu’avant. 6. Pour prévenir la bave, ma bouche doit être essuyée.
7. La nourriture reste coincée dans ma gorge. 7. Il est difficile pour les autres de m’entendre. 7. Mes sécrétions ne sont pas gérables.
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