La défense de l’organisme humain contre la SLA mène effectivement à une progression de la maladie au cours de son stade ultérieur

19-09-2017

NEW YORK -- Des scientifiques de Columbia ont découvert qu’une des défenses naturelles de l’organisme contre la sclérose latérale amyotrophique (SLA)--un processus cellulaire « de nettoyage » appelé autophagie--supprime la progression de la maladie au début, mais favorise la propagation par le biais de la moelle épinière de la maladie mortelle dans les stades avancés de la maladie. Ces résultats chez la souris fournissent des informations sur les premiers stades de la SLA, ainsi que des nouveaux aperçus de sa complexité, à savoir les différents rôles que l’autophagie joue dans sa progression. En outre, cette étude peut aider les scientifiques à trouver des moyens de détecter et même de traiter la maladie avant l’apparition des symptômes dévastateurs qui privent progressivement les patients du mouvement, de la parole et de la vie.

L’étude a été publiée cette semaine dans la revue ‘Proceedings of the National Academy of Sciences’.

Selon le Dr Tom Maniatis, chercheur principal à Columbia's Mortimer B. Zuckerman Mind Brain Behavior Institute et auteur principal de l’étude : « L’un des principaux obstacles au traitement de la SLA est que sa progression est dynamique--beaucoup de types différents de cellules et de mécanismes sont impliqués — et qu’un traitement à un stade de la maladie pourrait avoir des conséquences très différentes et potentiellement dangereuses à un stade différent. Ici, nous avons identifié un processus cellulaire qui joue probablement un rôle central dans les origines de la maladie, ce qui pourrait ouvrir la voie à des traitements qui arrêtent la SLA avant qu’elle ne puisse étendre sa mainmise sur le corps. »

La SLA est une maladie mortelle du système nerveux central pour laquelle il n’existe aucun traitement efficace. Elle attaque d’abord les motoneurones moteurs, les cellules nerveuses qui guident les mouvements musculaires. Lorsque les motoneurones meurent, la maladie se propage à d’autres types de cellules de la moelle épinière. Au fil du temps, les patients perdent de plus en plus de leur capacité à se déplacer, à parler et même à respirer. Dans presque tous les cas, les malades succombent à la SLA endéans les cinq ans après le diagnostic.

Malgré l’absence de traitements efficaces, beaucoup de progrès ont été réalisés dans la découverte de certains des mécanismes sous-jacents de la SLA. Par exemple, des études ont montré qu’une caractéristique commune à tous les patients SLA est l’accumulation anormale ou des aggrégats de protéines à l’intérieur des neurones moteurs. Ces accumulations déclenchent l’autophagie, un processus cellulaire critique dans laquelle ces agrégats, ainsi que certaines autres parties endommagées de la cellule, sont désintégrés et évacués. En outre, des études récentes sur la SLA, dirigées par le Dr. David Goldstein, généticien de Colombia, ont révélé que des mutations dans les gènes qui gèrent l’autophagie peuvent causer la SLA.

Pour étudier plus précisément le rôle de l’autophagie dans la SLA, le Dr Maniatis et son équipe ont développé deux groupes différents de modèles murins SLA. Le premier groupe a été génétiquement modifié pour imiter les signes de la SLA, mais était normal par ailleurs. Le deuxième groupe était identique au premier, mais avec une différence significative : l’autophagie a été supprimée dans leurs motoneurones. Les chercheurs ont ensuite comparé comment la maladie a progressé dans ces deux groupes. Les différences constatées étaient imprévues. Ils ont constaté que, en l’absence de l’autophagie, les symptômes SLA dans le second groupe de souris progressaient plus rapidement au début de la maladie, mais plus lentement par la suite. Fait remarquable : les souris avec autophagie supprimée ont vécu plus longtemps que le premier groupe de souris SLA.

Selon le Dr. Maniatis, qui dirige également le ‘Columbia's Precision Medicine Initiative’ et est ‘ the Isidore S. Edelman Professor and Chair of biochemistry & molecular biophysics at Columbia University Medical Center’: « Cela suggère fortement que même si l’autophagie peut initialement conjurer la maladie en supprimant l’agrégation des protéines, elle finit par accélère la propagation de la SLA et de ses symptômes dévastateurs au reste de la moelle épinière, »

Les auteurs font valoir que, lorsque l’autophagie est intacte, d’autres types de cellules qui entourent les neurones moteurs subissent une réaction inflammatoire, qui s’étend ensuite tout au long de la moelle épinière et contribue à la progression de la SLA. Toutefois, en l’absence de l’autophagie, cette propagation se produit plus lentement. Ils pensent que cela peut être dû au rejet d’agrégats de protéines pathogènes qui s’échappent des motoneurones mourants au cours du processus normal d’autophagie. En l’absence de l’autophagie, cet écart peut être diminué.

L’autophagie étant régie par plusieurs gènes, travaillant de concert à travers chaque cellule dans le corps, le Dr. Maniatis et son équipe sont en train d’étudier l’incidence des mutations de ces gènes sur la progression de la maladie dans leur modèle de souris SLA.

Selon le Dr. Maniatis : « Au moment où les symptômes de la SLA deviennent perceptibles, la maladie a déjà beaucoup progressé et les médicaments ne sont pas susceptibles d’être efficaces, à moins que nous puissions diagnostiquer la SLA beaucoup plus tôt. Cela aiderait aussi à comprendre comment les mutations dans les gènes de l’autophagie causent la SLA et influent la progression de la maladie. Si nous pouvons trouver des façons de traiter de la maladie dans ses premiers stades, plutôt que d’essayer de l’arrêter après son éclosion, il serait possible de développer des traitements plus efficaces. » 

 

Traduction :  Fabien

Source : The Zuckerman Institute, Columbia University

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