Les enfants de patients avec une mutation C9orf72 présentent un risque plus élevé de dégénérescence frontale-temporale ou de SLA à un âge précoce

13-02-2017

L’origine génétique la plus fréquente pour les maladies cérébrales telles que la démence fronto-temporale (DFT) et la sclérose latérale amyotrophique (SLA) est une mutation du gène C9orf72. Des chercheurs de VIB et d’UAntwerpen, sous la direction du prof. Christine Van Broeckhoven, démontrent que si un parent malade passe cette mutation à son enfant, ce dernier est atteint par la maladie à un âge plus jeune (comparé à celui du parent). Il n’y a pas d’indication pour une progression plus rapide de la maladie. Ces résultats ont été publiés dans la revue spécialisée internationale JAMA Neurology.

Prof. Christine Van Broeckhoven (VIB/UAntwerpen): “Ces recherches sont basées sur les résultats antérieurs de notre équipe qui ont démontré que la même mutation C9orf72 conduit à la DFT et à la SLA. Comme cette mutation survient chez un groupe substantiel de patients SLA et DFT, il est important d’améliorer nos connaissances sur cette mutation et d’essayer de comprendre le processus pathologique.”

Maladies cérébrales associées à la neurodégénérescence

La démence fronto-temporale (DFT) et la sclérose latérale amyotrophique (SLA) sont deux maladies cérébrales associées à la neurodégénérescence, la perte anormalement rapide des neurones. Dans la DFT les lobes frontaux et les lobes temporaux sont affectés en premier, entraînant pour le patient des changements de comportement et de sa personnalité ou des problèmes de langage. La perte des fonctions cérébrales ne se produit que plus tard dans le processus de la maladie. Après la maladie d’Alzheimer, la DFT est la forme de démence la plus fréquente chez de jeunes patients. Une fraction des patients DFT présente des symptômes correspondant à la SLA, une maladie caractérisée par l’atteinte des neurones contrôlant les muscles dans le cerveau et la moelle épinière. Les patients SLA perdent ainsi de plus en plus de tissu musculaire entraînant une perte de puissance dans les membres et des problèmes avec la parole, la déglutition et la respiration. La SLA est plus courante sans symptômes de DFT.

Un facteur héréditaire commun

Des recherches antérieures du groupe du prof. Van Broeckhoven ont démontré un lien génétique entre la DFT et la SLA, à savoir une mutation dans le même gène C9orf72.

Prof. Christine Van Broeckhoven (VIB-UAntwerpen): “La mutation C9orf72 est la mutation la plus fréquente dans la DFT et la SLA. Dans la population belge le pourcentage de 37% des patients souffrant de SLA et de 25% des patients atteints par la DFT s’explique par la présence de cette mutation C9orf72. La mutation C9orf72 est présente chez 88% des patients souffrant de DFT plus SLA.” Ces résultats de 2012 ont été publiés dans The Lancet Neurology (Gijselinck et al.). La mutation dans C9orf72 se compose d’une répétition d’une courte séquence d’ADN GGGGCC pouvant augmenter dans les patients jusqu’à plusieurs milliers de répétitions. On ignore encore pourquoi certains patients sont atteints par la DFT et d’autres par la SLA.

La longueur de la répétition C9orf72 est déterminante pour l’âge du début de la maladie

L’âge auquel surviennent les premiers symptômes de la maladie varie chez les patients de 29 à 82 ans, même pour des patients d’une même famille. Jusqu’il y a peu il n’y avait aucune explication pour ce phénomène. Les chercheurs de VIB-UAntwerpen ont démontré en 2016 que l’âge de survenue est déterminé par le nombre de répétitions du GGGGCC ; plus il y a de répétitions, plus l’âge de début est précoce. Dans les familles C9orf72 où le parent est tombé malade à un âge avancé et ses enfants à un âge précoce, les chercheurs ont démontré que la répétition de GGGGCC dans le gène C9orf72 a augmenté d’une courte séquence de répétitions (moins de 200 répétitions) à des séquences plus longues (plus de mille répétitions) (Gijselinck et al. Molecular Psychiatry 2016).”

Dr. Sara Van Mossevelde (VIB-UAntwerpen): “Dans le cadre d’une nouvelle étude clinique dans 36 familles C9orf72 nous avons analysé l’âge des patients sur 2 à 4 générations. Nous avons constaté une différence significative dans l’âge de survenue de la maladie entre les générations successives. Dans la plupart des familles les enfants ont été touchés par la maladie à un âge plus jeune, mais il n’y avait aucune indication pour une progression plus importante de la maladie. De même nous avons constaté dans des familles composées de patients DFT et SLA que si le parent souffrait de DFT l’enfant avait plus de risque d’être atteint par la DFT et ceci était comparable pour la SLA.”

Cet examen a été effectué par le médecin-doctorant, le Dr. Sara Van Mossevelde, sous la direction du Prof. Christine Van Broeckhoven dans le groupe de recherche Maladies cérébrales neurodégénératives du VIB-UAntwerpen Centrum voor Moleculaire Neurologie. Ce projet a été mené en étroite coopération avec les neurologues du Réseau Hospitalier d’Anvers, l’Hôpital Universitaire d’Anvers (UZA) et le Consortium belge de Neurologie. 

Publications scientifiques pertinentes
Ces constatations cliniques ont récemment été publiées dans le magazine international JAMA Neurology (Van Mossevelde et al., Clinical evidence for disease anticipation in families segregating a C9orf72 repeat expansion, JAMA Neurology, 2017). 

L‘identification de la mutation C9orf72 chez les patients belges DFT et SLA a été publiée dans The Lancet Neurology (Gijselinck et al. A C9orf72 promoter repeat expansion in a Flanders-Belgian cohort with disorders of the frontotemporal lobar degeneration-amyotrophic lateral sclerosis spectrum: a gene identification study, 2012). Les études moléculaires des C9orf72 repeat expansions ont été publiées dans Molecular Psychiatry (Gijselinck et al. The C9orf72 repeat size correlates with onset age of disease, DNA methylation and transcriptional downregulation of the promoter, 2016)

Questions
Pour toute question concernant ces recherches médicales, envoyez un courriel à l’adresse: vragen.informatie@molgen.vib-ua.be.

Financement
Ces recherches ont été financées par VIB et le fonds de recherche de l’Université d’Anvers, ainsi que via des financements nationaux et internationaux externes de IWT/VLAIO, FWO, SPF Politique Scientifique et la Fondation Recherche Alzheimer (SAO/FRMA).

Contact

Christine Van Broeckhoven (VIB-Uantwerpen)

Sara Van Mossevelde (VIB-Uantwerpen)
Tél.: +32 3 265 1038

Laura Himschoot (collaborateur en communication Prof. Van Broeckhoven)
Tél.: +32 3 265 1117

Sooike Stoops (Responsable de presse VIB)
Tél.: +32 9 244 66 11
Mail: sooike.stoops@vib.be

 

Translation : Brigitte Vanden Cruyce

Source : Communiqué de presse VIB-UAntwerpen

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