Johns Hopkins Medicine suggère que l'élimination d'une protéine des cellules nerveuses pourrait stopper la SLA et la démence

09-09-2021

La sclérose latérale amyotrophique (SLA), communément appelée "maladie de Lou Gehrig", est une maladie neurodégénérative dévastatrice qui provoque l'atrophie (destruction) des cellules nerveuses du cerveau et de la moelle épinière, entraînant généralement une démence. Quatre-vingt-dix pour cent des cas de SLA sont sporadiques, aucune mutation génétique connue n'en étant responsable, tandis que les 10 % restants sont transmis génétiquement de parent à enfant. Des chercheurs de la Johns Hopkins Medicine ont identifié une voie cellulaire défectueuse qui déclenche la dégradation des cellules nerveuses et qui pourrait être liée aux deux formes de la maladie. Ils suggèrent également que l'élimination de la protéine 7 du corps multivésiculaire de charge (CHMP7), la protéine responsable de la rupture de la voie, pourrait constituer un moyen futur de traiter la SLA et la démence.

Sous la direction de Jeffrey Rothstein, M.D., Ph.D., directeur du Pedersen Brain Science Institute et du Robert Packard Center for ALS Research, et professeur de neurologie et de neurosciences à la University School of Medicine Johns Hopkins, et d'Alyssa Coyne, Ph.D., l'équipe de recherche a étudié la CHMP7 dans une zone de la cellule nerveuse appelée pore nucléaire. Le pore nucléaire - un grand complexe hautement organisé de différentes protéines - sert de gardien du noyau, le centre de contrôle de la cellule, en régissant le mouvement d'entrée et de sortie du matériel génétique (ARN) et des protéines. Des études antérieures de l'équipe de Rothstein ont montré que lorsque ce processus se dérègle - on dit qu'il est déréglé - il peut entraîner le développement des formes familiales ou héréditaires de la SLA et des démences.

Cependant, on ignorait jusqu'à présent pourquoi ce dérèglement se produisait, comment il déclenchait la chaîne d'évènements menant à la SLA et s'il se produisait dans les formes sporadiques beaucoup plus courantes de SLA et de démence.

L'étude de la Johns Hopkins Medicine, publiée le 28 juillet 2021 dans la revue Science Translational Medicine, a évalué pourquoi le pore nucléaire commence à se dégrader chez les patients atteints de SLA et de démence, et le rôle de CHMP7 dans cette destruction.

Les chercheurs ont découvert que la protéine CHMP7 s'accumule spécifiquement dans le noyau des neurones, déclenchant une cascade d'évènements qui conduisent à la dégradation du pore nucléaire. Cela entraîne à son tour la dérégulation de protéines essentielles dans la cellule - dont une appelée protéine de liaison à l'ADN TAR 43 (TDP-43), dont la forme dérégulée est observée dans la SLA sporadique et familiale - et, finalement, la mort cellulaire.

"Pensez-y comme à un moteur qui commence à perdre des pièces", dit Rothstein. "Si CHMP7 fait en sorte que le pore nucléaire commence à se dégrader, que se passerait-il si nous supprimions cette insulte ?".

Pour trouver la réponse, Rothstein et ses collègues ont éliminé la protéine CHMP7 avec la technologie antisens, un outil nouveau et prometteur pour contrôler l'expression des gènes (production d'une protéine) dans une cellule. En utilisant des oligonucléotides antisens synthétiques (fragments de matériel génétique), les chercheurs ont ciblé le gène CHMP7 au niveau de l'ARN messager - qui code pour la fabrication de la protéine CHMP7 - plutôt que de modifier l'ADN - qui fournit le code. Ils ont ainsi empêché le gène CHMP7 de produire sa protéine, ce qui a permis aux chercheurs de prévenir la dégradation du pore nucléaire, le dysfonctionnement cellulaire et la mort cellulaire qui en découlent. Le pore étant stable, ils pensent que les conditions pouvant conduire à la SLA ne peuvent être déclenchées.

"Nous empêchons essentiellement les évènements biologiques qui donnent naissance à la SLA", déclare Rothstein.

Selon lui, les prochaines étapes de la recherche consistent à déterminer si cette découverte peut être appliquée à un traitement potentiel de la SLA chez l'homme. L'équipe espère également découvrir les causes de la dérégulation de CHMP7 chez les patients atteints de SLA.

 

Traduction : Gerda Eynatten-Bové
Source : Indiaeducationdiary.com
 

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