Microbes intestinaux règlent inflammation et durée de vie dans un modèle souris de la sclérose latérale amyotrophique
27-05-2020
Il y a de plus en plus de preuves que les microbes intestinaux peuvent influencer la maladie. L’analyse d’un modèle souris de la condition neurodégénérative de sclérose latérale amyotrophique, offre un aperçu de comment des bactéries intestinales pourraient contribuer à cette maladie.
Des études émergent qui associent le microbiote intestinal (flore) à la sclérose latérale amyotrophique (SLA), un désordre neurodégénératif, caractérisé par la perte progressive de motoneurones cruciaux pour le mouvement, la parole et la cognition. Cette maladie dévastatrice est habituellement fatale endéans quelques années du diagnostic. Écrit en Nature, Burberry et al. comblent quelques lacunes dans notre connaissance de comment les microbes intestinaux pourraient contribuer à la SLA, à partir d’études de la condition dans un modèle souris. Leurs résultats pourraient aider à faire la lumière sur comment un gène associé à la SLA, nommé C9orf72, affecte cette maladie.
Des études préliminaires ont démontré que les microbes intestinaux de personnes qui ont la SLA diffèrent de ceux d’individus non-affectés. L’étude d’un modèle souris de la maladie, basée sur une mutation SLA-associée dans le Sod1 gène6, a procuré une évidence marquante que des altérations dans le microbiote peuvent exacerber la neurodégénération et entraîner la mortalité précoce. Cette étude a également identifié des microbes et des molécules microbiennes qui favorisent une fonction motrice améliorée et une plus longue durée de vie dans les souris. Cela a montré que les effets particuliers positifs ou négatifs observés pourraient dépendre de différences dans les microbes rencontrés dans le lieu d’hébergement (appelé un vivarium) des animaux. Les modèles souris de maladies inflammatoires ont également révélé que l’environnement des animaux a un tel effet.
Burberry et al. ont employé un modèle souris de SLA dans lequel les animaux ont une version mutante du gène C9orf72, résultant dans une déficience dans la protéine C9orf72 encodée (ces souris modélisent également une condition neurodégénerative, appelée démence frontotemporale). Les auteurs ont constaté que lorsque les animaux étaient élevés dans le site pour animaux de la Harvard University, ils avaient une durée de vie plus courte, des problèmes de mouvement exacerbés et une réaction immunitaire élevée (comme indiqués par la présence dans leur sang de molécules pro-inflammatoires, appelées cytokines et anticorps auto-immuns), comparés avec des souris, élevées au Broad Institute of Harvard and MIT. Après avoir exclu diète, cycles de lumière et autres facteurs environnementaux comme étant responsables pour cette différence, les auteurs ont comparé les profils microbiens pour les animaux dans les deux sites, et ils ont trouvé qu’un virus, appelé norovirus murin et la bactérie Helicobacter, Pasteurella pneumotropica et Tritrichomonas muris étaient plus fréquents au site de Harvard qu’au site de Broad.
Burberry et collègues ont démontré que des altérations du microbiote intestinal modélisent différemment comment les symptômes associés à la SLA se manifestent dans les souris déficientes en C9orf72. Leurs résultats suggèrent que la modélisation d’inflammation microbienne en dehors du cerveau pourrait être responsable.
Une recherche plus poussée sera nécessaire pour trouver les microbes particuliers et les fonctions microbiennes impliqués dans la régulation des différents effets d’inflammation en dehors du système nerveux central, et pour évaluer si cette inflammation périphérique influence la dégénération des motoneurones dans le système nerveux central et les troubles du mouvement, que de telles pertes neuronales causent. Il sera également intéressant de déterminer si des voies immunitaires particulières dans/ou dehors le système nerveux central sont responsables pour les changements dans la durée de vie qui se produisent par la déficience de C9orf72. Déchiffrer les mécanismes moléculaires et cellulaires impliqués dans la neuro-inflammation et la neurodégénération constatées, ferait avancer notre compréhension des interactions entre les facteurs environnementaux et les facteurs de risque génétiques dans la SLA, et pourrait conduire à de nouvelles cibles pour l’intervention clinique.
Traduction : Gerda Eynatten-Bové
Source : Nature