Les poissons-zèbres : la nouvelle clef du mystère de la SLA ?

04-12-2018

Zebravis

Les équipes scientifiques de l’Université de Sheffield sont parvenues à développer des poissons-zèbres porteurs du changement génétique complexe responsable de la forme génétique la plus commune de la sclérose latérale amyotrophique (SLA)

Cette découverte aidera aussi bien la recherche scientifique que les essais de médicaments expérimentaux à appréhender cette maladie dégénérative.

Dans son objectif de compréhension des causes de la maladie, la recherche a jusqu’à présent mené ses tests de médicaments expérimentaux sur des drosophiles ou des souris de laboratoires. En raison des facteurs temporels et économiques liés à l’utilisation de souris, et des différences existantes entre le cerveau humain et le cerveau d’une drosophile,cette méthode n’a présenté que des résultats limités.

Pour la première fois, des chercheurs du SITraN (département de neurologie de l’Institut des Neurosciences Traditionnelles de l’Université de Sheffield) sont parvenus à reproduire les aspects complexes de la pathobiologie humaine C9-ALS/FTD chez des poissons-zèbres de laboratoire.

Cette innovation révolutionnaire est essentielle pour l’étude des mécanismes sous-jacents de la SLA et des démences fronto-temporales (DFT).

La Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA) est une maladie neurodégénérative dévastatrice qui touche les nerfs (les neurones moteurs) situés dans le cerveau et dans la moelle épinière. Ces nerfs transmettent les informations du cerveau aux muscles.

Avec le temps, ces informations cessent d’atteindre les muscles : ces derniers s’affaiblissent, se raidissent, et finissent par s’atrophier. Cette pathologie progressive affecte les capacités du patient à marcher, à parler, à se nourrir et à respirer. La SLA est une maladie actuellement incurable, qui affecte 5 000 adultes au Royaume-Uni.

Si près de 10 % des cas de SLA proviennent d’un héritage génétique, les 90 % restants ont pour origine des interactions génétiques et environnementales complexes, qui restent encore aujourd’hui majoritairement incomprises : on parle alors de SLA sporadique.

La cause génétique de SLA et de DFT la plus connue est une expansion de l’hexanucléotide situé dans le premier intron du gène C9orf72. Les patients atteints de SLA présentent de très nombreuses répétitions de la séquence GGGGCC dans ce gène. Cette mutation est la cause génétique principale de la SLA et la forme la plus commune de SLA sporadique.

Les explications du Dr. Tennore Ramesh, chercheur au SITraN de l’Université de Sheffield sont les suivantes : « En utilisant des poissons-zèbres de laboratoire dans le cadre de nos recherches sur la SLA, nous pouvons accélérer nos études, et améliorer notre compréhension de cette pathologie dévastatrice, ainsi que d’autres conditions neurologiques.

Les poissons-zèbres sont transparents : cela nous permet d’obtenir des résultats bien plus facilement et rapidement. La recherche est également moins invasive. Mener des tests sur des souris de laboratoires pour un millier de médicaments nous prendrait plus de dix ans. Sur des poissons-zèbres, cela ne prendrait que quelques mois. Nous serons capables de mener des recherches, et donc des essais cliniques sur des humains bien plus rapidement qu’auparavant.

Pendant quatre ans, le projet a été mené par le Dr. Ramesh, en collaboration avec les principaux chercheurs du SITraN, comme le Professeur Dame Pamela Shaw, vice-présidente et directrice de la Faculté de Médecine, d’Odontologie, et des Sciences de la Santé de l’Université de Sheffield. Ce projet est publié dans le journal Acta Neuropathologia Communications. Cette étude a été financée par la MND Association.

 

Traduction : Théo Le Duc

Source : The University of Sheffield

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