SLA 2016: une analyse de l’exposoom: une nouvelle approche dans la recherche des causes environnementales de la SLA
07-02-2017
Analyse des informations par Richard Robinson
L’étude de l’exposoom, l’ensemble des formes d’exposition à notre environnement durant toute la vie, permettrait de donner un aperçu des causes de la SLA. C’est ce que dit Roel Vermeulen de l’Université d’Utrecht aux Pays-Bas. Vermeulen a assuré la lecture d’introduction pendant le 27ème Symposium international sur la SLA, qui a eu lieu du 7 au 9 décembre à Dublin en Irlande.
« De quarante à cinquante pourcent des cas de la SLA pourraient avoir leur origine dans l’environnement », a déclaré Vermeulen, qui se base pour cela sur des études de la maladie chez des jumeaux. Cela correspond selon le projet de la charge globale de la maladie de l’Organisation mondiale de la Santé avec d’autres maladies graves. Ce projet estime que des facteurs environnementaux, des facteurs métaboliques et le comportement et l’interaction sont bons pour 40% des indicateurs prouvés de la maladie, aussi bien pour le diabète que pour les maladies cardiaques.
Malgré le fait que le tabagisme est jusqu’à présent le seul facteur environnemental de la SLA pour lequel il existe un matériel de preuves tangible avec un risque augmenté, selon Vermeulen. Ce risque associe le nombre d’années pendant lesquelles la personne a fumé avec les années durant lesquelles la personne a moins fumé et avec les années que la personne n’a pas fumées.
Il y a une longue liste d’autres facteurs pour lesquels le matériel de preuves est insuffisant mais bien suggestif, comme les traumatismes crâniens, l’activité physique, le service militaire et l’exposition à des métaux lourds. Des données plus récentes suggèrent également doucement un risque lié aux champs magnétiques avec une haute intensité, déclare-t--il, et une étude néerlandaise non publiée indique un risque plus élevé lors d’une exposition régulière à la pollution atmosphérique, plus particulièrement les oxydes d’azote et les particules fines.
Vermeulen indique que les constatations actuelles de l’étude, qui sont en grande partie basées sur des facteurs de risque uniques et des méthodes de recherches épidémiologiques traditionnelles, concernent un champ limité parce qu’une interaction peut exister entre les facteurs de risque. « Nous devons aller vers l’étude de l’exposition dans son entièreté », dit-il. Cette totalité doit couvrir l’environnement d’habitation de la campagne versus de la ville, le climat, le statut financier, l’enseignement, le passé professionnel, le capital social et le stress social, aussi bien que le régime alimentaire et l’exposition aux toxines. Ce concept a reçu le nom de l’exposoom et, selon Vermeulen, une vue en ce qui concerne l’état possible est cruciale pour mieux appréhender les facteurs non-génétiques de risque sur la SLA.
L’implémentation d’une analyse exposoom peut être menée par la combinaison de données de plusieurs sources, comme les appareils portables (qui par exemple mesurent une activité physique), un système d’information géographique et les données satellites (pour le climat, la pollution atmosphérique et les sources de toxine) et les banques de données commerciales (comme l’usage du téléphone). Les techniques métabolomiques pour mesurer plus de 20 000 petites molécules dans le sang forment une des possibilités de détecter l’exposition à des combinaisons environnementales, bien que Vermeulen remarque que cette constatation restera limitée du fait des courtes ‘demi-vies’ de nombreuses combinaisons.
Des scientifiques sont déjà en train d’implémenter ce type d’approche. Orla Hardiman du Collège de la Trinité de Dublin, en Irlande, et ses collègues ont débuté une étude relative à l’histoire de toutes les occupations et les résidences de plus de 1000 patients souffrant de la SLA et sont pour cela à la recherche patrons d’exposition exploitables. Des combinaisons d’un intérêt particulier peuvent résulter du NeuroLINCS, une étude qui est réalisée dans le cadre d’un lien de collaboration et qui recherche les effets des dysfonctionnements chimiques dans les lignes de cellules-contrôle et les lignes de cellule SLA avec l’aide de transcriptomics, proteomics et de epigenomics.
Il est de plus en plus clair que les formes d’exposition qui se présentent dans un stade avancé de la vie, également in utero, ont des effets sur la santé et qui se manifestent plus tard au cours de la vie. L’effet de ces formes d’exposition peut être enregistré dans les changements épigénétiques. De tels changements sont les mieux documentés pour les fumeurs pour lesquels l’exposition est liée à l’hypermethylie de plus de 700 lieux. Si un fumeur arrête de fumer, de nombreux lieux retournent vers leur statut méthylique de la période avant que la personne ne commence à fumer. Le patron de la méthylation résiduelle peut, selon Vermeule, servir comme marqueur indépendant du temps depuis qu’une personne a arrêté de fumer.
« Ce type de constat peut facilement être appliqué au champ de la SLA », ajoute-il pour parvenir à mieux caractériser le temps depuis l’exposition à la fumée de cigarette.
Une analyse plus approfondie de l’épigénome permettra probablement de découvrir d’autres changements qui peuvent être probablement associés avec d’autres formes d’exposition. Vous pourrez trouver plus d’information sur la recherche exposoom ici.
« Je me réjouis des possibilités de cette approche” dit Richard Bedlack de l’Université Duke de Durham, en Caroline du Nord. “La question essentielle restée sans réponse par rapport à la SLA est pourquoi sa forme sporadique se répète et que le concept exposoom peut expliquer pourquoi nous n’avons pas encore trouvé de matériel de preuves pour cela, mais un unique facteur de risque lié à l’environnement qui explique de nombreux cas ».
Traduction : Hedwige
Source : ALS Research Forum