Tamoxifène montre effets modestes dans patients SLA révèle essai phase 1/2
12-06-2020
Un traitement pour le cancer appelé Tamoxifène, qui précédemment montrait une promesse dans les études précliniques pour le traitement de la SLA, procure seulement des bénéfices modestes et de courte durée pour les patients avec la maladie, a révélé un petit essai clinique Phase 1/2. Selon les chercheurs de l’étude, des études plus vastes et des périodes d’observation plus longues sont nécessaires pour aborder pleinement les effets de Tamoxifène dans ces patients.
L’étude, ‘’Tamoxifen for amyotrophic lateral sclerosis : A randomized double-blind clinical trial‘’ = ‘’Tamoxifène pour la sclérose amyotrophique latérale : Un essai clinique randomisé en double-aveugle,’’ a été publiée dans le journal Medicine.
Tamoxifène, vendu sous les noms de marque Nolvadex et Soltamox, est une thérapie approuvée, employée pour prévenir le cancer du sein mais la recherche a suggéré que cela peut également avoir des effets neuroprotectifs, en contrôlant les multiples processus défectueux dans la SLA. Un de ces mécanismes est l’autophagie, que les cellules utilisent pour éliminer les composants toxiques ou inutiles, incluant les amas de protéine qui endommagent les cellules nerveuses dans la SLA. Dans des études d’animaux, Tamoxifène était capable de ralentir l’aggravation de la SLA en activant cette voie de nettoyage, et s’est avéré le meilleur parmi plusieurs composants pour préserver les cellules nerveuses.
Ceci a conduit à l’essai Phase 1/2 (NCT02166944) au Taipei Medical University Shuang Ho Hospital à Taiwan, testant Tamoxifène comme un traitement complémentaire potentiel pour la SLA. L’essai a recruté 18 patients, de 20 à 65 ans, qui pouvaient encore respirer indépendamment et n’avaient pas de mutations dans les gènes FUS ou SOD1. Ils ont été répartis au hasard pour recevoir 20 mg de Tamoxifène ou un placebo, tout en continuant de recevoir leur traitement standard de Rilutek (riluzole).
Les participants ont été évalués à un, trois, six et 12 mois après être entrés dans l’essai. Le but principal était de déterminer si l’addition de Tamoxifène au soin standard pourrait allonger la durée de vie des patients sans avoir besoin de ventilation mécanique.
Les mesures secondaires incluaient les différences dans le déclin de l‘habilité de fonctionner quotidiennement — évaluées par les scores de l’échelle ALS functional rating scale révisé (ALSFRS-R) — et dans la fonction pulmonaire, mesurée par la forced vital capacity (FVC) = capacité vitale forcée (CVF).
Au cours du traitement d’une année, six patients se sont rétractés de l’essai, incluant une femme dans le groupe Tamoxifène qui accusait la progression d’un kyste ovarien, et cinq patients — un au Tamoxifène, quatre au placebo — qui percevaient une progression subjective dans leurs symptômes SLA.
De ceux qui restaient, un patient au placebo devenait dépendant de ventilation mécanique, un autre au placebo est décédé, et un au Tamoxifène est mort 11 mois après le recrutement dû à la progression de la maladie. Bien que cela suggère un bénéfice de Tamoxifène, les résultats n’atteignaient pas une signification statistique — probablement dû au nombre restreint de patients inclus dans l’analyse.
Le déclin dans les scores ALSFRS-R était plus bas chez ceux qui étaient au Tamoxifène pour les trois premières visites — aux mois un, trois et six — comparés aux patients au placebo. Cet effet apparaissait pourtant comme temporaire, et pas de différences ont été constatées à la visite d’un an.
Les déclins de la fonction pulmonaire étaient similaires entre patients traités au Tamoxifène et au placebo à travers toute l’étude.
‘’En dépit du rapport positif convaincant dans le modèle animal surexpression TDP-43 transgénique, les résultats de l’essai clinique présent montraient seulement des effets modestes et bénéfiques transitoires dans le groupe Tamoxifène, comparé avec le groupe placebo,’’ écrivaient les chercheurs.
Ils tirent toutefois l’attention sur le fait que l’essai incluait un échantillonnage de patients restreint et suivait les patients pour une période très courte avant de commencer la thérapie, ce qui les a empêché d’examiner les effets de Tamoxifène sur le taux de progression de la maladie.
Les résultats de l’étude peuvent également être influencés par ceux qui ont arrêté le traitement et le fait de n’avoir pas pu mener des évaluations de suivi chez ceux qui sont morts ou avaient besoin de ventilation mécanique entre le dépistage et le recrutement.
Les chercheurs suggèrent, en outre, la possibilité que le traitement avec Tamoxifène ait pris place à un stade de la maladie où la plupart des neurones sont perdus et que l’activation de l’autophagie à ce moment-là peut ne pas apporter d’avantages significatifs aux patients.
Des essais complémentaires sont maintenant justifiés pour répondre à ces questions.
Traduction : Gerda Eynatten-Bové
Source : ALS News Today