Une étude scientifique constate que la thérapie par cellules souches est sûre pour les patients SLA. Prochaine étape: en évaluer l’efficacité

13-11-2018

La thérapie par cellules souches semble sûre pour les patients atteints de la sclérose latérale amyotrophie (SLA) et des essais cliniques  visant à évaluer son efficacité sont en train d’être mis en place, selon une récente étude.

L’étude, intitulée « Stem cell transplantation for amyotrophic lateral sclerosis » (« Transplantation de cellules souches dans le cadre de la sclérose latérale amyotrophique » ndlr) a été publiée dans la revue « Current opinion in Neurology. L’évocation de possibles traitements thérapeutiques par transplantation de cellules souche pour une série de maladies neuro dégénératives, y compris la SLA, a suscité beaucoup d’engouement et d’espoir, ces dernières années.

Les cellules souches ont ce formidable pouvoir de se développer dans une série de cellules différentes dans le corps et de se multiplier rapidement. Ces propriétés illustrent leur potentiel à remplacer les cellules mortes et à libérer des signaux de protection, qui sont soit immunomodulatoires (càd qui régulent l’immunité), soit de survie, aux cellules restantes.

A l’heure actuelle, il n’existe encore aucun traitement autorisé pour la SLA par cellules souches, donc par laquelle on transplanterait lesdites cellules souches; les études d’innocuité et d’efficacité n’en sont qu’à leurs balbutiements. « Dans le cas précis de la SLA, il n’existe à l’heure actuelle aucun traitement par cellules souches et on ne compte que quelques études cliniques bien ciblées  jusqu’à présent », écrit l’auteur de l’article.

Des chercheurs du Cedars-Sinai Medical Center, à Los Angeles et de la Emory University School of Medicine, à Atlanta, passent  actuellement en revue le savoir-faire et les études récentes qui ont eu lieu, pour évaluer et développer des thérapies à base de cellules souches pour la SLA.

La reconstruction complète des circuits nerveux dans le corps adulte étant très complexe, les approches thérapeutiques par cellules souches pour la SLA visent d’abord à améliorer les fonctions des cellules nerveuses motrices et à prolonger leur survie.

Cela se fait par la régulation de réponses immunitaires, la sécrétion de molécules importantes et/ou la production des cellules cérébrales qui soutiennent les cellules nerveuses motrices.

Les auteurs font remarquer que les choix de la meilleure source de cellules souches (soit le prélèvement de cellules souches mésenchymateuses ou de cellules immunitaires dérivées de la moelle épinière, ou encore de cellules souches nerveuses provenant du foetus)  ainsi que la meilleure technique de transplantation (soit directement dans le cerveau, le liquide cérébro-spinal - c’est à dire le liquide dans lequel baignent la moelle épinière  et le cerveau- , soit le muscle ou encore le sang), ne sont encore clairement définis.

Les cellules mésenchymateuses ont le pouvoir de se différencier en cellules qui produisent les facteurs clé pour le bon fonctionnement et la survie des cellules nerveuses ou en signaux qui régulent les frontons immunitaires, telle l’inflammation.

Pas moins de quatre phases 1 ou 2 d’études cliniques ont évalué l’innocuité mais également quelques données d’efficacité dans la transplantation de cellules mésenchymateuses par voie intrathécale (directement dans le liquide céphalorachidien) du patient.

Les résultats ont montré que cette approche est sûre et bien tolérée - bien qu’accompagnée de réactions temporaires aux injections - et augmente temporairement les niveaux des facteurs clé indispensables à la survie des cellules nerveuses et des molécules anti-inflammatoires.

Cependant, ces études ayant été exécutées sur des échantillons de patients très restreints et sans placebo, leur efficacité n’a pu être démontrée.

Phase suivante de la recherche

Il n’en reste pas moins que les connaissances des dosages et de l’innocuité ainsi acquis jusqu’à présent suffisent à promouvoir le développement d’une Phase 3 d’essais en double-aveugle.

Une telle Phase 3 est d’ailleurs actuellement en cours (sous le label NCT03280056) et vise à évaluer innocuité et efficacité de la thérapie à l’essai, NurOwn, développée par BrainStormCell Therapeutics, ce, tous les deux mois chez des patients atteints de SLA et en double-aveugle. L’étude clinique recrute actuellement jusqu’à 200 participants sur six sites américains.  BrainStorm prévoit de finaliser cette étude en juillet 2019.

Une série d’études cliniques en Phase 1 évaluant l’innocuité d’une transplantation de cellules immunitaires, provenant de la propre moelle épinière d’un patient ou de son propre sang, et réinjectées de manière intrathécale  (dans la colonne vertébrale) ou dans le sang d’un patient a validé la sécurité de cette approche, mais son efficacité reste à démontrer.

Les cellules souches nerveuses foetales, telles les cellules progénitrices neuronales - des cellules qui ont le potentiel de générer des cellules nerveuses et leurs cellules de soutien - sont une autre source potentielle de thérapie par cellules souche pour la SLA.

Elles sont utilisées pour remplacer les interneurones (cellules nerveuses qui interconnectent les cellules nerveuses sensorielles et les cellules nerveuses moteur), et pour libérer de puissants facteurs de croissance et réduire l’inflammation toxique.

Les Phases 1 et 2 d’essais cliniques ont également démontré l’innocuité de l’injection de cellules progénitrices neuronales   dans la moelle épinière de patients SLA, et des essais de Phase 3 visant à analyser l’efficacité de cette approche thérapeutique sont actuellement en projet.

De plus les cellules pluripotentes induites (IPS), ou les cellules souches venant de tissus de patients adultes, présentent l’avantage pour les chercheurs de pouvoir générer des cellules progénitrices neuronales dérivant des IPS, à partir du patient, en évitant les problèmes d’éthique lorsque par contre il s’agit de tissus prélevés sur des foetus ou des embryons.

Des études pré-cliniques, et cliniques ont également mis en évidence l’importance de l’endroit d’injection des cellules souches dans le corps pour traiter la SLA, car en effet des résultats bien distincts ont été observés selon qu’elles aient été injectées à divers endroits de la moelle épinière ou dans le muscle. Des études complémentaires sont de ce fait nécessaires afin d’identifier la meilleure partie du corps pour l’administration de la thérapie.

« Suite aux études cliniques récentes qui ont démontré que la transplantation de cellules souche était sûre et bien tolérée dans la SLA, on peut s’orienter vers la mise en place d’études pivotales (avec placebo, ndlr) » selon les chercheurs.

Ils relèvent en outre que le défi majeur est « de modéliser ces études pivotales de Phase 3 en y incluant les contrôles appropriés qui démontreront leur valeur clinique réelle, tout en gardant la main-mise sur les coûts et en n’exposant pas les patients à des risques inutiles ».

 

Traduction : Carine Henrard

Source : ALS News Today

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