Un biomarqueur sanguin pour dépister si une dépression est due à la neurodégénérescence

21-06-2021

Une nouvelle étude publiée dans le journal Nature Communications a validé le fait qu’un seul biomarqueur sanguin peut révéler la présence de 13 affections neurodégénératives, allant de la démence fronto-temporale à la sclérose latérale amyotrophique (SLA). Le test ne permet pas de faire de distinction expresse entre les différents troubles neurologiques. Cependant, il est proposé comme moyen de déterminer si les patients signalant des problèmes de mémoire souffrent des stades les plus précoces de maladies neurodégénératives. La protéine appelée neurofilament à chaîne légère (NfL) est une protéine cérébrale particulière qui est libérée dans le liquide céphalo-rachidien lorsque les cellules du cerveau sont endommagées. Elle peut être détectée par une analyse de sang. Les scientifiques ont longtemps étudié le potentiel de ce biomarqueur comme un moyen efficace d’accélérer le diagnostic de maladies neurodégénératives telles que la maladie d'Alzheimer.

Les cliniques pourraient avoir recours à un test sanguin comme outil de dépistage rapide pour déterminer si les troubles cognitifs du patient sont déclenchés par la neurodégénérescence. Okskukuruza/Depositphotos

Par cette recherche, on a découvert que les niveaux de NfL permettent d’identifier avec efficacité les sujets présentant des signes précoces associés à 13 différents types de désordres neurodégénératifs comme la sclérose latérale amyotrophique (SLA), la démence fronto-temporale et la maladie d'Alzheimer. Mais, plus important encore, les concentrations en NfL s’avèrent être un outil utile pour indiquer les premiers stades de maladies neurodégénératives chez des patients identifiés comme souffrant d’une dépression d'intensité modérée à grave.

Abdul Hye, co-auteur principal de l’étude, confirme que cette découverte unique démontre que les niveaux de NfL pourraient être utilisés dans des contextes cliniques pour aider les médecins à discerner si les symptômes cognitifs d’un patient sont le signe précoce de neurodégénérescence ou d’un problème psychiatrique d’un autre ordre.

“Pour la première fois nous avons prouvé à travers une analyse d’un certain nombre de troubles neurologiques qu'un biomarqueur unique peut détecter avec une excellente exactitude la présence de processus sous-jacents de neurodégénérescence ”, affirme le Dr. Hye. “Même s’il ne s’agit pas d’une méthode liée à un désordre bien particulier, elle pourrait être utilisée aux services médicaux tels que des cliniques de mémoire comme outil de dépistage rapide aidant à recenser si des problèmes de mémoire, des troubles cognitifs ou d’autres problèmes psychiatriques sont le résultat de neurodégénérescence.”

Quoique l'étude ait constaté que la concentration sanguine en NfL ne permettait pas de diagnostiquer des conditions de neurodégénérescence particulières, elle a permis de mettre en évidence le rôle primordial que peut jouer ce biomarqueur pour évaluer s’il y a des différences entre certains groupes de patients. Des taux plasmatiques de NfL élevés observés chez des patients atteints de la maladie de Parkinson permettent de déceler par exemple des syndromes parkinsoniens atypiques. Les chercheurs se sont concentrés également sur le rôle du biomarqueur dans la trisomie 21 (syndrome de Down) : ils ont constaté une corrélation entre les niveaux élevés de NfL observés chez les porteurs de trisomie 21 et le développement de démence.

“Cela suggère que le nouveau marqueur pourrait être potentiellement utilisé pour améliorer le diagnostic de la maladie d’Alzheimer chez les personnes atteintes du syndrome de Down, et jouer un rôle central dans l’évaluation de l’efficacité des traitements”, explique le Prof. Andre Strydom, co-auteur de l’étude. “Il est passionnant de constater qu’une simple prise de sang suffit, sachant que pareil prélèvement est mieux toléré par les personnes trisomiques que les scintigraphies cérébrales.”

Sachant que les taux de NfL augmentent naturellement avec l’âge, cette récente étude propose aussi l’établissement de seuils par tranche d’âge, de manière à distinguer entre les niveaux de NfL normaux et les niveaux pathologiques. Ce procédé permet aux cliniciens de différencier les sujets présentant des niveaux élevés de NfL associés à une maladie neurodégénérative et ceux dont les concentrations en NfL élevées sont les symptômes du vieillissement cérébral normal.
“Les NfL plasmatiques constituent une alternative évolutive et largement accessible aux tests invasifs ou onéreux visant à détecter des signes précurseurs de démence”, ajoute le Dr. Hye. “La technologie est déjà utilisée comme analyse de routine dans des pays européens comme la Suède ou les Pays-Bas, les seuils d’âge pouvant servir de références et de tests facilement accessibles aux cliniciens pour détecter les premiers signes de neurodégénérescence chez des personnes atteintes de troubles de mémoire ou de troubles cognitifs.”

La nouvelle étude a été publiée dans le journal Nature Communications.

Traduction: Petra Ghysens

Source: King’s College London 

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