Médicament contre le cancer empêche l'accumulation de protéine toxique du cerveau
16-05-2013
Des chercheurs du Georgetown University Medical Center ont utilisé de petites doses d'un médicament pour la leucémie afin de stopper l'accumulation des protéines toxiques liés à la maladie de Parkinson dans le cerveau des souris. Cette conclusion fournit la base pour planifier un essai clinique chez l'homme afin d'en étudier les effets.
Ils disent que leur étude, publiée en ligne le 10 mai dans Human Molecular Genetics, propose une stratégie unique et passionnante pour traiter les maladies neurodégénératives qui présentent une accumulation excessive de protéines comme la maladie de Parkinson, la maladie d'Alzheimer, la sclérose latérale amyotrophique (SLA), la démence frontotemporale, la Maladie de Huntington et la démence à corps de Lewy, entre autres.
« À très faibles doses, ce médicament active le mécanisme d'élimination de déchets à l'intérieur des neurones pour éliminer les protéines toxiques de la cellule. En éliminant les protéines intracellulaires, le médicament empêche leur accumulation dans les inclusions pathologiques appelé corps de Lewy et/ou enchevêtrements et empêche également la sécrétion amyloïde dans l'espace extracellulaire entre neurones ; ainsi, les protéines ne forment pas d’amas toxiques ou de plaques dans le cerveau, » dit le chercheur principal de l'étude, Charbel E-H Moussa, neuroscientifique, MB, PhD. Moussa dirige le laboratoire de la démence et la maladie de Parkinson à Georgetown.
Lorsque le médicament, le nilotinib, est utilisé pour traiter la leucémie myéloïde chronique (CML), il mène les cellules cancéreuses vers l’autophagie — un processus biologique qui tue les cellules tumorales du cancer.
« Les doses utilisées pour traiter la CML sont suffisamment élevées pour que le médicament force les cellules à mâcher leurs propres organites internes, provoquant l’auto-cannibalisme et la mort des cellules », dit Moussa. « Nous avons pensé que les petites doses — pour ces souris, l'équivalent d'un pour cent de la dose utilisée chez les humains — activerait juste assez d’autophagie dans les neurones pour que les cellules éliminent les protéines présentant un dysfonctionnement et rien d'autre. »
Moussa, qui a longtemps cherché un moyen de forcer les neurones à nettoyer leurs déchets, est venu avec l'idée d'utiliser des médicaments contre le cancer qui poussent l’autophagie dans les tumeurs pour aider les cerveaux malades. « Personne n'a essayé quelque chose comme ça avant, » dit-il.
Moussa et ses deux co-auteurs — Michaeline Hébron, une chercheuse diplômée et Irina Lonskaya, PhD, une chercheuse post-doctorale du laboratoire de Moussa — ont cherché des médicaments contre le cancer qui peuvent traverser la barrière hémato - encéphalique. Ils ont découvert deux candidats — nilotinib et bosutinib. Ce dernier est également approuvé pour traiter la LMC. Cette étude aborde les expérimentations avec le nilotinib, mais Moussa dit que l'utilisation de bosutinib est également bénéfique.
Les souris utilisées dans cette étude surexpriment l’alpha-synucléine, la protéine qui s'accumule dans la maladie de Lewy, dans la maladie de Parkinson, chez les patients atteints de démence et qui se retrouve dans beaucoup d'autres maladies neurodégénératives. Les animaux ont reçu un milligramme de nilotinib tous les deux jours. (Par contre, la FDA a approuvé l'utilisation de nilotinib jusqu’à 1 000 milligrammes une fois par jour pour les patients atteints de CML.)
« Nous l’avons testé avec succès sur plusieurs modèles de maladies qui ont une accumulation de protéines intracellulaires, », a dit Moussa. « Les cellules se débarrassent de la synucléine alpha et tau dans un certain nombre de maladies des troubles du mouvement, comme la maladie de Parkinson ainsi que celle du corps de Lewy ».
L'équipe a aussi démontré que les mouvements et les fonctionnalités des souris traitées ont été grandement améliorées, par rapport aux souris non traitées.
Pour qu'une telle thérapie soit aussi performante que possible chez les patients, Moussa émet l'hypothèse que l'agent devra être utilisé au début des maladies neurodégénératives.Une utilisation ultérieure pourrait retarder davantage la formation de plaques extracellulaires et l'accumulation de protéines intracellulaires dans les inclusions tels que des corps de Lewy.
Moussa envisage un essai clinique de phase II chez les participants diagnostiqués avec des troubles qui présentent une accumulation d'alpha synucléine, y compris de la démence à corps de Lewy, la maladie de Parkinson, la paralysie supranucléaire progressive (PSP) et l’atrophie de système multiple (MSA).
Traduction : Ligue SLA : Anne
Source : Medical Xpress