Concentration de métaux lourds dans le sang et risque de Sclérose Latérale Amyotrophique : une cohorte prospective
02-12-2020
Objectif :
Les métaux lourds ont été évoqués comme facteur de risque pour la Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA), mais il n’existe à ce jour que des études rétrospectives. Nous avons comparé les concentrations de métaux lourds dans des échantillons de sang prélevés sur des patients atteints de SLA ainsi que sur des témoins pour déterminer si les métaux lourds affectent le taux de mortalité de cette maladie.
Méthodes :
Une étude cas-témoins a été réalisée au sein de la cohorte prospective EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition). Certains cas ont été repérés grâce aux certificats de décès. Nous avons analysé la concentration en métaux lourds des échantillons de globules rouges obtenus lors du recrutement en considérant qu’il s’agissait d’un biomarqueur pour une quelconque exposition à des métaux lourds. Nous avons mesuré les concentrations d'arsenic, de cadmium, de cuivre, de plomb, de manganèse, de mercure, de sélénium et de zinc par spectrométrie de masse à plasma à couplage inductif (ICP-MS). Nous avons utilisé le modèle de régression logistique conditionnelle pour estimer le risque de SLA.
Résultats :
La population étudiée comprend 107 patients SLA (65 % de femmes) et 319 témoins appariés par âge, sexe et centre d’études. La durée médiane entre la prise de sang et le décès par SLA était de 8 ans (intervalle : 1 à 15 ans). En comparant les tertiles supérieurs et inférieurs des concentrations, nous avons obtenu les résultats suivants : le cadmium (rapport des cotes (RC) = 2,04 - 95 % d’intervalle de confiance (IC) = 1,08 - 3,87) et le plomb (RC = 1,89 - 95 % d’IC = 0,97 - 3,67), ce qui suggère qu’il existe un lien avec le risque accru de la SLA. Le zinc a été associé à un risque faible de SLA (RC = 0,50 - 95 % d’IC = 0,27 - 0,94). En limitant nos analyses aux actuels non-fumeurs, nous avons trouvé des résultats similaires concernant le cadmium et le plomb.
Interprétation :
cette étude est la première à comparer les concentrations de métaux lourds avant l’apparition de la maladie, minimisant ainsi la causalité inverse. Les liens observés suggèrent que le cadmium, le plomb et le zinc pourraient jouer un rôle dans l’étiologie de la SLA. Le cadmium et le plomb sont parfois associés à un risque de SLA chez les fumeurs.
Traduction : Nessrine Maiza
Source : Santé Publique France