Peu de bénéfices pour la SLA avec un traitement non pharmacologique de la douleur
26-08-2024
Les interventions non médicamenteuses n'ont pas permis de soulager la douleur des patients de manière significative: Analyse
L'utilisation de traitements non pharmacologiques - des interventions telles que l'exercice musculaire, l'aérobic et la musculation - n'a pas permis de soulager la douleur de manière significative chez les personnes atteintes de SLA, selon une analyse des données publiées issues de cinq essais cliniques.
Les chercheurs ont toutefois noté que si "la douleur chez les patients atteints de SLA (...) est un symptôme non moteur courant, elle est souvent méconnue et insuffisamment traitée, ce qui est souligné par l'absence d'essais contrôlés randomisés sur le traitement médicamenteux de la douleur". En effet, après avoir identifié plus de 1.000 dossiers, l'équipe de chercheurs n'a inclus que cinq essais dans sa méta-analyse.
L'équipe suggère donc que d'autres études de haute qualité portant sur des populations de patients plus importantes sont nécessaires pour étudier plus avant l'efficacité des traitements non pharmacologiques pour soulager la douleur chez les patients atteints de SLA.
Il est important de noter que les chercheurs ont également noté que "la progression de la maladie et, plus particulièrement, la détérioration respiratoire, peuvent rendre les patients atteints de SLA inadaptés aux programmes d'exercices".
L'étude intitulée “Non-Pharmacological Interventions on Pain in Amyotrophic Lateral Sclerosis Patients: A Systematic Review and Meta-Analysis” (Interventions non pharmacologiques sur la douleur chez les patients atteints de sclérose latérale amyotrophique: Une révision systématique et méta-analyse) a été publiée dans le journal Healthcare.
Seulement 5 études ont été trouvées pour l'examen des traitements non pharmacologiques de la douleur.
La SLA est une maladie neurodégénérative progressive caractérisée par une faiblesse musculaire qui finit par affecter la capacité du patient à bouger, parler, avaler et respirer.
Si la douleur n'est pas un symptôme courant de la SLA elle-même, les complications liées à la maladie peuvent être douloureuses. La douleur peut être causée par une tension supplémentaire sur les articulations due à l'affaiblissement des muscles, et les difficultés à se déplacer peuvent entraîner une pression anormale sur la peau, provoquant des plaies ou des blessures. Les spasmes musculaires et la constipation associés à la SLA peuvent également être douloureux.
La douleur peut être soulagée par des traitements médicamenteux classiques, tels que les analgésiques, les relaxants musculaires et certains anticonvulsivants et anxiolytiques. En revanche, il n'est pas certain que les interventions non pharmacologiques, telles que l'exercice musculaire, l'aérobic, la musculation et la thérapie manuelle ostéopathique, puissent également soulager la douleur chez les patients atteints de SLA.
Pour comprendre l'impact de ces traitements non médicamenteux, les chercheurs, originaires de Grèce, ont regroupé les résultats de cinq essais contrôlés randomisés publiés au cours des deux dernières décennies. Ces études ont assigné au hasard des patients à divers traitements non pharmacologiques ou à un groupe témoin sans thérapie.
Au total, les études ont porté sur 131 patients atteints de SLA, âgés en moyenne de 54 à 60,9 ans. Parmi eux, 64 ont bénéficié d'une intervention non médicamenteuse et 67 faisaient partie du groupe témoin. Les participants étaient atteints d'une maladie légère à modérée, évaluée par l'échelle d'évaluation fonctionnelle de la SLA (ALSFRS) ou sa forme révisée, l'ALSFRS-R.
Les interventions variaient d'une étude à l'autre et comprenaient des exercices d'étirement et de résistance, des exercices combinés d'aérobic et de musculation, et des traitements manuels ostéopathiques appliqués. Ces programmes ont été adaptés à la tolérance et aux limitations physiques de chaque patient.
Les chercheurs appellent à la réalisation d'essais cliniques randomisés pour tester ces interventions
Les résultats de la méta-analyse indiquent que les patients ayant reçu un traitement non pharmacologique ne présentent pas de différences significatives dans les scores de douleur par rapport aux groupes de contrôle, quel que soit le type ou la durée de l'intervention.
Des résultats similaires ont été observés lorsque ces interventions ont été évaluées séparément, les étirements, les exercices de résistance et l'entraînement à l'endurance musculaire n'ayant pas d'effet significatif sur la douleur par rapport aux groupes témoins. La combinaison d'un entraînement aérobique et musculaire et d'un traitement manuel ostéopathique a également montré des améliorations non significatives de la douleur.
Les [interventions non pharmacologiques], bien qu'efficaces dans d'autres conditions médicales, ne se sont pas révélées efficaces pour la douleur chez les patients atteints de SLA. D'autres [essais contrôlés randomisés], avec des échantillons plus importants et une meilleure qualité méthodologique, sont nécessaires pour approfondir l'étude de leur efficacité et de la tolérance des patients.
En ce qui concerne les résultats non douloureux, l'entraînement à l'exercice dans deux études a permis de ralentir le déclin du fonctionnement général, tel que mesuré par l'ALSFRS. Les exercices de résistance ont également entraîné un déclin significativement plus lent du fonctionnement physique à six mois par rapport au groupe témoin.
Dans une étude, l'entraînement physique a démontré une réduction à court terme de la spasticité (contraction et spasmes musculaires) chez les patients atteints de SLA. Une autre étude a montré que la combinaison d'exercices d'aérobic et de résistance permettait de préserver le fonctionnement global, la mobilité et la fonction respiratoire, alors que le groupe témoin connaissait une baisse de ces paramètres.
Les chercheurs ont noté un taux élevé d'abandons de l'étude, principalement en raison de la progression de la maladie ou du décès, ce qui "pourrait avoir influencé la valeur réelle du résultat".
En fin de compte, l'équipe a conclu que "les interventions non pharmacologiques, bien qu'efficaces dans d'autres conditions médicales, ne se sont pas révélées efficaces pour la douleur chez les patients atteints de SLA".
"D'autres essais contrôlés randomisés, avec des échantillons plus importants et une meilleure qualité méthodologique, sont nécessaires pour approfondir l'étude de leur efficacité et de la tolérance des patients", écrivent les chercheurs.
Traduction: Gerda Eynatten-Bové
Source: ALS News Today