Les nombreux visages de la SLA

03-04-2014

James P. Bennett, Jr. MD, Ph.D.

Directeur, centre de recherche VCU Parkinson

Virginia Commonwealth University

Richmond, VA 23298

Quand je donne des conférences sur les maladies neurodégénératives,

une des diapositives que je montre très tôt dans mon exposé est un dessin d'aveugles qui touchent les différentes parties d'un éléphant. Il s'agit de rappeler à moi-même et au public que les caractéristiques de « l'éléphant », dépendent de quelle partie nous touchons. Cette analogie est très pertinente pour les maladies complexes comme la SLA, « l'éléphant » pour laquelle de nombreux chercheurs examinent différentes parties.

Une compréhension globale de la SLA et des maladies connectées nécessite la reconnaissance que la vie et la mort des cellules sont des événements très complexes, pour la survie elles dépendent de nombreux processus (et des cellules voisines éventuellement) et apparemment les résultats disparates peuvent nous expliquer un peu cette complexité. Les conclusions d'un groupe sur la SLA ne doivent pas nécessairement valider ou invalider les conclusions d'un autre groupe. En supposant que nous faisons tous de notre mieux pour présenter la vérité que nous jugeons, chaque nouvel ensemble de constatations est comme brosser les traits d’une peinture; seul, leur signification n'est pas nécessairement évident, mais regroupé, nous pourrons les intégrer dans une image cohérente.

En essayant de comprendre et de développer des thérapies pour les maladies neurodégénératives complexes comme la SLA, nous nous efforçons tous de trouver l'image cohérente qui nous permet de proposer des interventions. Même si la SLA se développe à partir d’un événement commun et progresse le long des voies moléculaires semblables chez tous les malades, ces deux hypothèses étant très improbables, si ne pas déjà réfutées, personne ne devrait s'attendre à une simple « intervention magique » qui modifierait la contrevenante molécule, récepteur ou voie. Plutôt, il semble que notre devoir collectif consiste à devenir des biologistes de systèmes de plus en plus sophistiqués pour discerner comment les événements du « big picture » sont modifiés. Cette approche s'applique aux origines de la maladie, ses progressions et ses vulnérabilités cellulaires sélectives.

Dans ce contexte, trois publications récentes nous offrent des visions différentes mais non concurrentes de la SLA.

Qu'allons-nous faire de ces résultats apparemment disparates ; y a-t-il une image cohérente de la SLA à trouver ? Je propose qu'à partir de ces études récentes nous apprenons que la SLA :

1. Est un processus qui peut altérer le transcriptome (l'expression totale de milliers de gènes dans une cellule) de manière radicalement différente, selon l'agressivité de la maladie ;

2. Est une maladie dont la vulnérabilité cellulaire primaire (neurones moteurs) est intimement liée à la santé des cellules voisines ;

3. Est une évolution pathologique pouvant découler de la propagation des agrégats de protéine prion d'une enzyme importante impliquée largement dans les formes familiales et génétiques de la maladie.

Elles font toutes partie de la complexité de la SLA. Aucune d’elle-même fournit l'image complète que nous cherchons, et surtout, il y a beaucoup de pièces supplémentaires pour faire cela. Il est également difficile de prévoir si l’interruption ou le changement d'un seul processus va modifier la progression de la maladie. Alors que nous cherchons une image plus globale, nous devons nous efforcer aussi de trouver des moyens de changer les anomalies que nous trouvons et de les tester, si sans risque, chez ceux atteints de SLA.

Traduction : Ligue SLA : Anne

Source : ALS Worldwide

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