La SLA est-elle localisée dans le cerveau?
15-01-2013
Avec la découverte des agrégats de protéine dans la moelle épinière et le cerveau de pALS, la recherche sur le processus de cette maladie semble maintenant se focaliser de plus en plus sur ce dernier organe. À l’occasion de sa recherche, la doctorante en neurologie Esther Verstraete (Universitair Medisch Centrum Utrecht) a étudié si un biomarqueur approprié à la détection de l'implication du cerveau pourrait être trouvé.
La Sclérose latérale amyotrophique (SLA) est généralement considérée comme une maladie neurodégénérative grave affectant les motoneurones des muscles squelettiques, tandis que l’implication du cerveau n’a, jusqu'à présent, bénéficié que de peu d'attention. Ce qui a ses raisons. Les changements chez les motoneurones de la moelle épinière (motoneurones périphériques) sont beaucoup plus prononcés que chez ceux du cerveau (motoneurones centraux). Ils ont donc, historiquement, été étudiés beaucoup plus souvent. Le fait que les motoneurones périphériques, contrairement aux motoneurones moteurs centraux, peuvent être étudiées par électromyographie (EMG) y a aussi contribué.
Mais, depuis la découverte des agrégats de protéine (TDP-43) à l'intérieur des neurones du cerveau et des tissus de la moelle épinière des patients décédés de la SLA, la recherche s’oriente de plus en plus souvent vers le cerveau. En ce moment, on se pose même ouvertement la question de savoir si la SLA ne commencerait pas principalement dans le cerveau.
Un diagnostic correct peut être important pour la poursuite de la recherche scientifique sur les pronostics de SLA et ses remèdes. Sur la photo : le physicien Britannique et pALS Stephen Hawkins.
Distinguer les sortes de maladie
Actuellement, il est encore extrêmement difficile de distinguer dans le spectre des maladies des motoneurones celles qui affectent uniquement les motoneurones périphériques, comme l'atrophie musculaire spinale progressive (AMSP) et l’AMSP avec implication sub-clinique des voies des motoneurones centraux. Un diagnostic correct peut être important pour la recherche scientifique concernant les pronostics de SLA et ses remèdes.
Dans ce cadre, Esther Verstraete a examiné, à différents moments, par IRM (imagerie par résonance magnétique) l'épaisseur du cortex cérébral sur l'ensemble de la surface du cerveau d'un certain nombre de pALS et a ensuite comparé ces résultats avec ceux qu'elle a trouvés chez un groupe témoin de sujets sains. L'enquête a démontré que le cortex cérébral est plus mince dans les aires motrices chez les pALS. Certains patients ont également été réexaminés à une date ultérieure. On a constaté que, malgré l'augmentation des plaintes, la diminution du cortex cérébral n'avait pas augmentée. Cette constatation suggère que la diminution du cortex moteur se produit déjà avant que les patients ne développent les symptômes, ou qu’elle doit être considérée comme un facteur à risque. La mesure de l'épaisseur du cortex moteur pourra probablement être utile dans le futur pour les patients avec une vulnérabilité génétique à la SLA. On réussira ainsi éventuellement à détecter, chez ce groupe à risque, la maladie à un stade préclinique. Cela pourrait être utile si un remède ralentissant efficacement la maladie devenait disponible.
Pas d’essaimage aléatoire
L'évolution de la SLA varie d'un patient à l'autre. Dans le cadre de sa recherche, l'auteure constate que les symptômes essaiment plus souvent d’un bras à l'autre ou d'une jambe à l'autre, que, par exemple d’un bras à une jambe. Cela s’est avéré chez chaque type de maladie du motoneurone, comme la SLA, l’AMSP et la sclérose latérale primaire (SLP) où seuls les motoneurones centraux sont impliqués. Les aires motrices sont reliées dans le cerveau de gauche à droite par le corps calleux. Selon l’auteure, cela suggère que le processus de la maladie se propage via cette connexion.
On a également constaté par IRM que l'intégrité structurelle du corps calleux diminuait. On a constaté, en plus, un lien entre la connectivité fonctionnelle et la vitesse de déclin par la maladie. Ce dernier constat souscrit l'idée que la propagation de la maladie se fait par les connexions du réseau cérébral. Cette hypothèse devra, toutefois, encore être étudiée plus profondément.
Patrick De Neve
‘Traces of disease in amyotrophic lateral sclerosis’, Esther Verstraete, ISBN 978-90-9027183-5, décembre 2012.
Traduction : Fabien