Des cellules souches ne sauvent pas (encore) le monde

17-10-2005

Le professeur de Louvain, Marc Boogaerts relative les récits fabuleux.

"Des cellules souches veillent à ce qu’une fille aveugle voie de nouveau.'' "Des cellules souches font les femmes plus jeune.'' Seulement deux titres des journaux de la fin de semaine britannique. Peu à peu les cellules souches semblent être le nouveau charme. Tout peut être guéri avec ça. Le professeur de Louvain, Marc Boogaerts, plaide pour la raison. "Beaucoup vient de l’empire de la fantaisie.''

"Je suis né trop tôt. Ce qu’on pourra faire avec les cellules souches, je ne vivrai pas."

Marc Boogaerts, Professeur KU Leuven

La seule application dont l’effet a été prouvé noir sur blanc est lors du traitement de leucémie et lors de certains autres cancers. Les cellules souches sont déjà utilisées pendant 20 ans. Puis on pense que les cellules souches peuvent être utiles lors des infarctus du myocarde aigus. Toutes les autres applications n'ont pas été prouvées. Souvent les gens prennent leur souhaits pour réalité.

Marc Boogaerts n’y va pas par 4 chemins: les cellules souches n’aident pas à faire disparaître toutes les maladies du monde. Quand même pas encore demain. Et il sait de quoi il parle. Boogaerts est coordinateur de l’institut des cellules souches à Louvain, où Catherine Verfaillie, le chercheur de cellules souches belge de réputation mondiale, est concernée. Il indique qu’il y a encore des domaine où on attend que les cellules souches peuvent aider.

"De cette manière on travaille à Louvain à un examen de l’effet des cellules souches chez les affections cérébrales et nerveuses, chez le traitement des infarctus cérébraux et la maladie de Parkinson. Mais les spécialistes prédisent qu’il faudra encore attendre 5 à 15 ans avant de pouvoir intercaler les cellules souches. Certainement parce qu’on ne sait pas grand-chose des complications.''

"Une autre application, avec laquelle on saura vite si les cellule souches ont de l’effet, est le traitement du diabète. Un groupe belge de chercheurs de l’ULB recherche ceci au niveau mondial. On connaît entre-temps une maladie où les cellules souches n’ont pas d’effet : Alzheimer. Cette maladie est trop compliquée à pouvoir résoudre par une intervention des cellules souches simple.''

Un patient, cinq fœtus

Tous les autres récits fabuleux appartiennent, d’après Boogaerts, à l’empire de la fantaisie. Les médecins jettent de la poudre dans les yeux des gens. Comme ceux qui injectent des cellules souches humaines pour tenir les femmes jeunes. Ou l’histoire connue du flamand qui est allé à un médecin miracle chinois pour le traitement de sa maladie musculaire SLA. Ce médecin n’a pas encore pu démontrer que son traitement fonctionne effectivement ; en plus : il ne dit pas grand-chose sur les complications. Pour encore rien dire des questions étiques. Pour aider un patient, il a besoin de 5 fœtus.''

Certainement les complications de tous ces traitement obscures posent des problèmes au professeur Boogaerts. "Je compare des cellules souches toujours avec une centrale nucléaire. Si tout va bien et est en contrôle, il n’y a pas de problèmes. S’il y a une erreur quelque part, comme en Tsjernobyl, par exemple, il fait plus de tort que de bien. Mêmes tout ce qui est bon est détruit".

S’il plaide pour la raison, Boogaerts laisse la porte contre. Avec des cellules souches nous n’allons peut-être pas changer le monde, mais nous changerons bien l’histoire. De cette façon certaines transplantations de la foie ne sont plus nécessaires, parce qu’on peut faire croître le tissu du foie via les cellules souches. Je pense souvent que je suis né trop tôt. Je ne verrai plus toutes les applications pratiques. La science évolue. Mais si j’ai appris une chose, c’est quand même: jamais dire jamais.

Hans-Maarten POST

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