Le syndrome pathologique de rires et de pleures est lié à la fonction du cortex frontal

24-06-2016

Hübers A1, Kassubek J2, Grön G3, Gorges M2, Aho-Oezhan H2, Keller J2, Horn H2, Neugebauer H2, Uttner I2, Lulé D2, Ludolph AC2.

1Departement Neurologie, Universitair Hospitaal Ulm, Oberer Eselsberg 45, 89081, Ulm, Duitsland.
2Departement Neurologie, Universitair Hospitaal Ulm, Oberer Eselsberg 45, 89081, Ulm, Duitsland.
3Departement Psychiatrie, Universitair Hospitaal Ulm, Leimgrubenweg 12-14, 89073, Ulm, Duitsland.

Abstrait

Le syndrome pathologique de rires et de pleures (PLC) est caractérisé par des épisodes d’explosions involontaires d’expression émotionnelle. 

Bien que ce phénomène est connu depuis plus d’un siècle, il manque encore une définition clinique précise et les mécanismes physiopathologiques sous-jacents ne sont pas bien compris. 

Ce qui est notamment mal défini est le genre de stimuli qui sont appropriés dans le contexte ou inappropriés à déclencher des épisodes de PLC, et si le phénomène est le résultat d’un manque d’inhibition du cortex frontal (« top-down-théorie ») ou à cause d’un traitement altéré des inputs sensoriels au niveau du tronc cérébral (« bas-haut-théorie »). 

Pour répondre à ces questions, nous avons étudié dix patients ayant la sclérose latérale amyotrophique (SLA) avec PLC et dix témoins appariés pour l’âge, le sexe et l’éducation. Les sujets étaient exposés simultanément à des stimuli visuels et auditifs soit émotionnellement congruents ou pas et nous leur avons demandé de donner un score aux images selon leur qualité émotionnelle. 

Les changements des paramètres physiologiques (rythme cardiaque, réaction galvanique de la peau, l’activité des muscles du visage) ont été enregistrés, et un score standard de labilité d’auto-évaluation (CNS-LS) a été déterminé. Les patients ont été influencés dans leur comportement à coter dans le sens négatif par une musique d’ambiance incongrue. 

Par rapport aux témoins, ils ont été influencés par des stimuli négatifs, c'est-à-dire, ils ont évalué des images neutres plus négativement en écoutant de la musique triste. Les patients ont coté significativement plus élevé sur le CNS-LS. 

Chez les patients, les changements de l’activité électromyographique des muscles mimiques lors de différentes conditions incitant à l’émotion sont expliqués par un dysfonctionnement du cortex frontal. 

Nous concluons que PLC est associé à une suggestibilité émotionnelle altérée et qu’il est surtout provoqué par des stimuli incongrues d’humeur. En outre, des réactions physiologiques et des changements de comportement suggèrent que ce phénomène est avant tout l’expression de la réduction de l’activité inhibitrice du cortex frontal, étant donné que la dysfonction frontale pourrait expliquer les changements des paramètres physiologiques chez ce groupe de patients. 

Nous considérons que ces résultats sont importants pour l’interprétation clinique de réactions émotionnelles des patients souffrant de la SLA.

 

Traduction : Anja

Source : PubMed

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