Les muscles oculaires résistent à la SLA

07-02-2017

Muscles, Eye

La sclérose latérale amyotrophique, communément appelée SLA, est une maladie neurodégénérative incurable qui affecte tous les muscles volontaires du corps conduisant à la paralysie et à des difficultés respiratoires. Les muscles oculaires, contrairement aux autres muscles, conservent généralement leur mobilité même au cours des derniers stades de la maladie.

Une thèse de doctorat à l’Université d’Umeå en Suède a été consacrée aux deux mécanismes qui pourraient être importants pour la préservation du fonctionnements des muscles oculaires en cas de SLA. Elle tente également de fournir des indices, basés sur ces résultats, pour des méthodes novatrices de traitement.

Les muscles oculaires sont très spécialisés et diffèrent grandement, dans plusieurs domaines, des autres muscles, comme, par exemple, dans les jonctions neuromusculaires entre fibres musculaires et cellules nerveuses. Des recherches antérieures ont suggéré que la SLA provoque une panne à partir de cette connexion nerveuse et qui se propage jusqu’aux cellules nerveuses du cerveau et de la moelle épinière.

Anton Tjust, auteur de la thèse et doctorant au département de Biologie Intégrative Médicale et au département des Sciences Cliniques à l’Université d’Umeå, affirme : " Nous avons pu constater que la connexion neuronale des muscles oculaires demeure intacte même dans les stades de la maladie où une grande proportion des jonctions neuromusculaires des muscles des jambes avait été perdue ".

Une étude antérieure, faite par l’équipe de recherche à laquelle Anton Tjust appartient, a démontré que certains types de fibres présentes dans les muscles oculaires semblent diminuer en nombre lors d’une SLA. La thèse de doctorat confirme que certains types de fibres musculaires des muscles oculaires présentent des changements lors des derniers stades de la maladie. Un de ces types de fibres spécialisées, dites multiplicatrices-innervées, a diminué de plus d’un tiers chez certains patients.

Selon Anton Tjust : " Il semble que certains types de fibres musculaires des muscles oculaires ne sont pas du tout résistants à la SLA, alors que d’autres types de fibres des muscles oculaires conservent très bien leur fonctionnement. Toutefois, il faut encore identifier en particulier ces types de fibre ".

Les chercheurs ont également étudié les cellules souches musculaires dans les muscles oculaires et dans d’autres types de muscle. Les cellules souches musculaires dans les muscles oculaires pourraient être plus efficaces que les cellules souches musculaires dans les muscles des bras et des jambes. Les chercheurs ont voulu déterminer si les cellules souches musculaires dans les muscles oculaires pourraient contribuer à la préservation en cas de SLA et si ces cellules diminuent en nombre dans les muscles des bras et des jambes à des stades avancé de SLA.

Anton Tjust explique : " Nous avons constaté que le nombre de cellules souches musculaires des muscles oculaires ne diffère pas grandement entre les sujets sains et les patients SLA. En outre, nous avons constaté que le nombre de cellules souches musculaires des muscles oculaires est relativement modéré, ce qui est à l’opposé de ce qui a été déclaré précédemment. Toutefois, une accumulation de cellules souches musculaires a pu être constatée dans la partie avant des muscles oculaires, ce qui pourrait expliquer l’impression actuelle que les muscles oculaires sont riches en cellules souches musculaires ".

L’équipe de recherche a mesuré le nombre de cellules souches musculaires activées et à maturité dans les muscles des bras et des jambes de patients SLA décédés, ainsi que chez des témoins appariés selon l’âge. Le résultat a montré que les muscles chez les patients, avec une SLA à un stade très avancé, avaient une quantité normale ou même en augmentation des cellules souches musculaires à divers stades d’activation et de maturité. Néanmoins, un nombre seulement modéré de cellules souches musculaires ont été constaté dans les muscles des yeux de donneurs sains et de patients SLA décédés. Les chercheurs concluent de ces résultats que ces cellules souches ne s’usent pas lorsque la maladie progresse dans les muscles de la jambe et du bras et ont un rôle très limité dans la préservation de la fonction musculaire de l’œil chez les patients SLA.

Anton Tjust affirme: " Le fait que les muscles oculaires préservent effectivement si bien leur fonctionnement chez les patients SLA suggère qu’il y une forme quelconque de mécanisme de protection. Étant donné que la SLA est une sentence de mort pour les patients et une tragédie pour toute la famille, nous, les chercheurs, nous avons l’obligation de continuer à mener des recherches jusqu'à ce que nous ayons un traitement efficace à offrir ". 

 

Traduction : Fabien

Source : Medical Xpress

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