SLA et Démence fronto-temporale : diagnostic précoce grâce à un test expérimental

31-10-2020

TDP-43Un test pour diagnostiquer deux maladies très graves telles que la sclérose latérale amyotrophique et la démence fronto-temporale lorsque les pathologies ne sont pas encore apparues, fournissant ainsi aux médecins et aux patients des outils d’information essentiels pour y faire face précocement et développer de nouveaux traitements. Une équipe de chercheurs du SISSA (Scuola Internazionale Superiore di Studi Avanzati – Ecole Internationale d’études avancées) en association avec différents instituts de recherche cliniques et italiens a fait un premier pas prometteur dans cette direction. Le protagoniste de l’étude, publiée dans la revue Brain Communication, est la protéine TDP-43 qui s’accumule dans les cellules cérébrales dans 97% des cas de sclérose latérale amyotrophique et dans environ 45% des cas de démence fronto-temporale. Cette protéine est donc un biomarqueur possible des maladies. Dans leurs travaux, les scientifiques ont développé une technique capable de détecter la protéine cellulaire liante TAR ADN 43 même lorsqu’elle est présente dans l’organisme en quantités infimes et aux premiers stades de la maladie, potentiellement chez des individus encore asymptomatiques. Les chercheurs expliquent qu’il n’existe actuellement aucun traitement qui peut interférer avec l’évolution des deux maladies, une détection très précoce réalisée grâce à la présence de cette protéine pourrait être d’une grande aide pour développer des médicaments utiles pour arrêter leur progression et comprendre leur dynamique.

Quel est le secret de la technique ? Produire de nombreuses copies de la même protéine.

« De nombreuses maladies neurodégénératives, comme l’Alzheimer ou la maladie de Parkinson, et les maladies causées par les prions sont caractérisées par l’accumulation incontrôlée de protéines spécifiques dans les cellules nerveuses » expliquent Carlo Scialò et Giuseppe Legname de SISSA, respectivement premier et dernier auteur de la publication. « Un test appelé RT-QulC (Real-Time Quaking Induced Conversion Reaction ou Tremblement Induit Conversion Réaction en Temps Réel) avait déjà été développé pour l’identification précoce des protéines impliquées dans plusieurs de ces maladies. Nous avons pensé l’utiliser pour la première dois pour deux autres maladies, la sclérose latérale amyotrophique et la démence fronto-temporale, où la protéine qui s’accumule est la même : la protéine cellulaire liante TAR ADN 43. »
Cependant, l’identifier aux premiers stades de la maladie signifie que les formes pathologiques de cette protéine peuvent être présentes en quantités infimes. Comment les détecter ? Le sens de cette technologie est précisément le suivant : des quantités minimales de la protéine pathologique ou des fragments de celle-ci sont capturées et multipliées en de nombreuses copies identiques jusqu’à ce que des quantités suffisantes soient obtenues pour être détectées par l’instrumentation. La présence de ces formes pathologiques de la protéines est un indicateur de son accumulation dans le système nerveux central. »

Recherche impliquant plus de 10 instituts en Italie

Outre SISSA, la recherche a impliqué le San Martino de Gênes, l’Université de Turin, le Carlo Besta de Milan, l’Institut Auxologique Italien, l’Université de Milan, l’Université de Brescia et l’Institut Centro San Giovanni di Dio Fatebenefratelli de Brescia et trois autres instituts de Trieste : l’Université de Trieste, Elettra Sincrotrone et l’ICGEB. « Nous avons collaboré avec tous ces instituts à différents niveaux », expliquent Scialò et Legname. « Beaucoup d’entre eux ont joué un rôle essentiel dans le recrutement des patients qui ont participé à la recherche. Un échantillon de liquide céphalo-rachidien, la substance qui entoure le système nerveux central, a été prélevé sur chacun d’eux, et dans lequel, les chercheurs en ont déduit, il est probable que la protéine cellulaire liante TAR ADN 43 se trouve, bien qu’en petites quantités. Les échantillons ont ensuite été testés pour identifier la protéine. « Les patients impliqués étaient tous porteurs d’une mutation génétique particulière qui, nous le savons, conduit à l’accumulation de la protéine cellulaire liante TAR ADN 43 dans le cerveau. Avec notre système, nous l’avons identifié dans 94% d’entre eux, ce qui est un excellent résultat. »

Les prochaines étapes à suivre

Les chercheurs concluent : « Au cours de cette phase, nous avons développé le test et vérifié qu’il fonctionne bien pour identifier la protéine cellulaire liante TAR ADN 43. Maintenant, d’autres étapes seront nécessaires pour affiner la méthodologie et le protocole, par exemple en augmentant le nombre de patients à être analysé. « Que » 36 ont participé à ce premier test, mais nous en sommes encore à un stade précoce. Il sera également nécessaire de comprendre dans combien de cas la détection de la protéine à un stade précoce conduit effectivement au développement de la maladie. Par conséquent, des investigations supplémentaires seront nécessaires avant que ce test puisse être utilisé de manière sûre et fiable à des fins de diagnostic expérimental, par exemple pour recruter des sujets dans des essais cliniques » Mais, assurent-ils, les premiers résultats sont vraiment encourageants.

 

Traduction : An De la Marche

Source : Scuola Internazionale Superiore di Studi Avanzati (SISSA)

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