Une étude confirme que la SLA et la schizophrénie ont des racines génétiques communes

03-04-2017

Des chercheurs ont confirmé que la schizophrénie chez les parents de patients souffrant de sclérose latérale amyotrophique (SLA) est causée par des facteurs génétiques communs qui augmentent le risque de ces deux maladies.

Cela les a incité à prétendre que les scientifiques devraient considérer la SLA comme une maladie des connexions cérébrales, plutôt que de neurones individuels. Ils ajoutent que, pour traiter la maladie, on pourrait développer des thérapies qui empêchent les dysfonctionnements dans les réseaux cérébraux.

Compte tenu des connexions inter-maladies, l’équipe de recherche a maintenu que la répartition des maladies cérébrales entre ‘neurologiques’ et ‘psychiatriques’ est une fausse dichotomie.

L’étude, “Genetic correlation between amyotrophic lateral sclerosis and schizophrenia,” a été publiée dans Nature Communications.

Des chercheurs au Trinity College Dublin de Dublin en Irlande ont analysé la génétique de presque 13 000 patients atteints de SLA et de plus de 30 000 patients atteints de schizophrénie. Ils ont trouvé que quatorze pour cent des gènes sont liés à la superposition des deux maladies. Autrement dit, la corrélation génétique entre la SLA et la schizophrénie est de 14 pour cent.

La schizophrénie, qui frappe généralement à l’adolescence, se caractérise par des idées délirantes, des hallucinations et le manque de réaction émotionnelle, de motivation et d’engagement social.

La schizophrénie et la SLA sont, bien sûr, très différentes, mais les chercheurs pensent maintenant qu’elles sont liées.

 Dans un communiqué de presse, Orla Hardiman, professeure de neurologie à la Trinité et auteure principale de l’étude, déclare : « Notre travail au cours de ces années nous a montré que la SLA-MND [maladie du motoneurone] est une maladie beaucoup plus complexe que nous le pensions initialement ».

L’équipe avait précédemment établi que les membres de la famille de patients SLA étaient plus susceptibles de souffrir de schizophrénie ou de mort par suicide que la population générale.

Le Dr. Hardiman, qui est aussi une neurologue consultante au National Neuroscience Center de l’hôpital de Beaumont, a déclaré : « Nos observations récentes des liens de certaines familles avec des troubles psychiatriques nous ont incités à étudier autrement la SLA/MND. En combinant notre travail clinique avec nos études utilisant l’IRM et l’EEG, il devint évident que la SLA/MND n’est pas seulement une affection des cellules nerveuses individuelles, mais aussi un trouble de la façon dont ces cellules nerveuses communiquent entre elles dans le cadre d’un réseau plus vaste ».

Ces résultats ont incité l’équipe de Trinity à s’associer avec d’autres chercheurs européens pour déterminer si des facteurs génétiques communs pouvaient expliquer leurs observations.

Le Dr Russell McLaughlin, professeur adjoint de l’analyse du génome au Trinity College et principal auteur de l’étude, a déclaré : « Cette étude démontre l’importance de la génétique dans la compréhension des causes des maladies. Alors que les affections neurologiques et psychiatriques peuvent avoir des caractéristiques et des signes cliniques très différents, notre travail a démontré que les voies biologiques qui mènent à ces diverses affections ont beaucoup en commun. »

Le Dr Hardiman ajoute : « Au lieu de penser à la SLA/MND comme à une dégénérescence d’une seule cellule à la fois dans la recherche d’un traitement ‘remède miracle’, nous devons réfléchir à la SLA/MND de la même manière que nous pensons à la schizophrénie, qui est un problème de perturbations dans la connectivité entre les différentes régions du cerveau, et nous devons chercher des médicaments qui contribuent à stabiliser l’échec des réseaux cérébraux ».

Le travail a des incidences au niveau social ainsi que thérapeutique. Les personnes atteintes de maladies neurologiques attirent souvent l’empathie et la compréhension, tandis que les troubles psychiatriques peuvent engendrer des idées fausses, la stigmatisation et la peur. Pourtant, les deux conditions sont la conséquence de processus anormaux dans le cerveau.

Selon Dr Hardiman : « L’autre question importante qui résulte de cette recherche est que la fracture entre la psychiatrie et la neurologie serait une erreur. Il faut reconnaître que les maladies du cerveau ont beaucoup de manifestations différentes, et que la meilleure façon de développer de nouveaux traitements est de comprendre la biologie de ce qui s’y passe ».

Elle précise : « Cela aura des implications majeures dans la façon dont nous classerons les maladies dans le futur et comment nous formerons nos futurs médecins en psychiatrie et en neurologie. Cela aura aussi des conséquences sur la façon dont la société appréhendera et traitera les personnes souffrant de maladies psychiatriques et neurologiques ».

 

Traduction : Fabien

Source : ALS News Today

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