SLA : les scientifiques se tournent vers l'intestin

20-04-2017

Michelle Pflumm

microbiomeUne question d'équilibre ?  Des chercheurs de Axial BioTherapeutics développent des traitements contre les maladies du SNC (système nerveux central) qui ciblent le microbiote intestinal. L'objectif est de réduire l'inflammation en rétablissant l'homéostasie microbienne dans l'intestin. Ce déséquilibre microbien pourrait contribuer à l'inflammation en activant la microglie (Sampson et al. 2016). [Laboratoire de Sarkis Mazmanian, CalTech].

À Boston, des scientifiques se préparent à étudier l'impact de certaines variations clefs du microbiote intestinal sur la SLA. L'étude, menée par Katharine Nicholson du Massachusetts General Hospital, cherche à déterminer si des variations de la composition du microbiote intestinal pourraient avoir un lien avec la maladie. Les recherches porteront sur deux groupes d'individus : 100 personnes atteintes de SLA et 100 volontaires sains. L'étude se base notamment sur les travaux de Sarkis Mazmanian (CalTech) en Californie, qui ont démontré que les variations du microbiote pouvaient contribuer à une inflammation dans un nombre croissant de maladies neurodégénératives, dont la maladie de Parkinson et la sclérose en plaques (Lee et al., 2011; Sampson et al. 2016).

C'est en étudiant les mécanismes sous-jacents de la sclérose en plaques que les chercheurs ont commencé à s'interroger sur l'impact des variations du microbiote sur les maladies neurodégénératives (Yokote et al., 2008; Berer et al., 2011). Des études ultérieures ont indiqué que ce déséquilibre microbien dans l'intestin, ou dysbiose, pourrait accélérer la progression de la maladie de Parkinson en favorisant la neuroinflammation via la microglie – tout du moins chez un modèle murin de la maladie (voir décembre 2016 news; Sampson et al., 2016). Ces résultats viennent compléter les études précliniques précédentes menées par Brigham et Francisco Javier Quintana du Women's Hospital de Boston. Ces dernières ont indiqué que les métabolites du tryptophane produits par certaines de ces bactéries pouvaient limiter l'inflammation dans le SNC – métabolites qui sont moins présents chez les personnes atteintes de sclérose en plaques (Rothhammer et al., 2016).

Les scientifiques ne savent pas précisément dans quelle mesure le microbiote intestinal impacte la SLA. Cependant, une étude menée en 2015 par Jun Sun de l'University of Illinois à Chicago a pu mesurer des variations dans la composition du microbiote d'un modèle murin SOD1 G93A de SLA avant même l'apparition des premiers symptômes de la maladie (Wu et al., 2015 ).

Associées, ces deux études semblent donc indiquer qu'un déséquilibre microbien dans l'intestin pourrait contribuer au développement de maladies neurodégénératives comme la SLA. Par conséquent, rétablir l'homéostasie microbienne dans l'intestin pourrait être thérapeutiquement bénéfique pour les personnes atteintes de la maladie. Cette approche pourrait offrir une alternative aux traitements anti-inflammatoires développés actuellement pour la SLA, qui ciblent le SNC et doivent donc traverser la barrière hématoencéphalique, obstacle majeur dans l'élaboration de thérapies pour ce type de maladies.

Plusieurs laboratoires pharmaceutiques et sociétés de biotechnologie, dont Axial BioTherapeutics, travaillent actuellement au développement de cette stratégie qui serait applicable à un grand nombre de maladies. Sarkis Mazmanian est le cofondateur de cette startup, située à Boston. Elle travaille principalement sur les maladies du SNC, dont la maladie de Parkinson.

 

Source : The ALS Research Forum

Appel à volontaires : essai clinique sur le lien microbiote-SLA

microbiome, test

Des scientifiques sont à la recherche de personnes atteintes de SLA (sclérose latérale amyotrophique) et de volontaires sains afin de participer à l'étude Microbiome Assessment in People with ALS (MAP ALS), commanditée par le Neurological Clinical Research Institute du Massachusetts General Hospital (MGH).

Ce sera la première étude à observer la composition globale du microbiote intestinal et de certains types de bactéries, et son impact sur la SLA. L'objectif de MAP ALS est d'obtenir des données préliminaires sur l'interaction entre les bactéries présentes dans l'intestin et leur influence potentielle sur l'apparition et le développement des maladies neurodégénératives. De plus, les chercheurs souhaitent identifier des marqueurs biologiques uniques qui pourraient permettre de mettre au point de nouvelles thérapies.

Les participants devront fournir leurs informations cliniques et participer à une collecte de selles. Ceux atteints de SLA pourront également participer à une ou deux visites additionnelles (trois et six mois après la première) qui permettront de collecter des informations cliniques supplémentaires.

Les scientifiques espèrent obtenir la participation de 100 personnes atteintes de SLA et de 100 volontaires sains pour cette étude. Pour pouvoir participer, les individus devront être âgés d'au moins 18 ans et répondre à certaines conditions d'éligibilité.

L'essai aura lieu au MGH de Boston, mais la collecte de selles se fera à domicile. Il n'est pas nécessaire de se rendre au MGH pour s'inscrire à l'étude.

Pour plus d'information sur cette étude, contacter Maryangel Jeon, coordonnatrice de l'étude, au 001 61 77 24 91 96 ou par mail à l'adresse suivante :  mjeon2@partners.org.

 

Source : Muscular Dystrophy Association 

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