Interaction entre le riluzole et un régime alimentaire stimulant la glycémie pour ralentir la SLA : Etude

06-02-2025

Un régime alimentaire à index glycémique élevé est associé à un déclin plus lent chez les patients sous riluzole.

Selon les données d'une étude récente, un régime alimentaire, contenant des aliments augmentant rapidement la glycémie, est associé à une progression plus lente de la SLA chez  les personnes prenant le traitement standard riluzole.

Précédemment, les scientifiques avaient découvert qu’un indice glycémique (IG) et une charge glycémique (CG) élevés – deux mesures qui tiennent compte de la manière dont les aliments influencent les taux de glycémie dans le sang  – étaient associés à une progression plus lente de la SLA. Leurs données montrent maintenant que ces effets étaient plus importants chez le groupe de patients qui prenaient également du riluzole.

Les chercheurs ont écrit que compte tenu de la relation observée, «des conseils nutritionnels et une  modification du régime alimentaire pourraient contribuer à maximiser les avantages de ce médicament».

L'étude «Interaction between riluzole treatment and dietary glycemic index in the disease progression of amyotrophic lateral sclerosis» ou «Interaction entre le traitement au riluzole et l'indice glycémique alimentaire dans la progression de la sclérose latérale amyotrophique» a été publiée dans les Annals of Clinical and Translational Neurology.
La SLA est une maladie neurodégénérative caractérisée par une aggravation qui entraîne chez les patients la perte de leur capacité à effectuer les tâches quotidiennes.
Recherche d'interventions nutritionnelles susceptibles de ralentir la progression de la SLA
On pense qu’un régime alimentaire approprié est important pour aider les patients atteints de SLA à maintenir leur santé le plus longtemps possible, mais les recherches sont toujours en cours pour déterminer si des interventions nutritionnelles ou des composants alimentaires particuliers peuvent ralentir la progression de la SLA ou aider les patients à vivre plus longtemps.
Dans une précédente étude précédente concernant 304 patients atteints de SLA sporadique du ALS Multicenter Cohort Study of Oxidative stress (COSMOS), les chercheurs ont constaté que les patients qui mangeaient des aliments avec un IG ou une CG plus élevés présentaient une progression plus lente de la maladie. Un IG plus élevé était également lié à une meilleure survie.

L'IG est une mesure de la vitesse avec laquelle un aliment contenant des glucides augmentera la glycémie d'une personne, un IG plus élevé reflétant une montée plus rapide de la glycémie. Le CG prend en compte l'IG et le nombre total de glucides consommés. Les glucides sont les nutriments qui sont décomposés en sucre (glucose) pour produire de l'énergie dans le corps. On les trouve dans les aliments sucrés et les féculents comme les fruits, les céréales et les pommes de terre.

En réponse à l’étude, un autre scientifique a soulevé la question de savoir si le traitement au riluzole a pu influencer les relations observées entre GI/GL et la progression de la maladie.

Le riluzole est un traitement approuvé qui s'est avéré avoir un bénéfice modeste en termes de survie dans la SLA. Il est disponible sous différentes formes, notamment des comprimés oraux (Rilutek), de suspension liquide (Tiglutik) et de film se dissolvant sur la langue (Exservan).

On croit que le traitement fonctionne en bloquant la signalisation du glutamate, une substance chimique du cerveau qui peut être toxique pour les cellules nerveuses lorsqu'elle est présente en excès. Certaines données suggèrent que le riluzole pourrait également influencer le transport ou le métabolisme du glucose.

Pour examiner plus en détail cette possible corrélation, les chercheurs ont effectué une nouvelle analyse des données de COSMOS. Comme dans le rapport précédent, les participants avaient rempli un questionnaire sur la fréquence alimentaire au départ de l'étude  (base de référence) et la progression de leur maladie a été suivie à l'aide de l'ALS Functional Rating Scale – Revised (ALSFRS-R) (ou Echelle d'Evaluation Fonctionnelle de la SLA - Révisée).

Parmi les 304 participants, 53 % ont déclaré avoir utilisé du riluzole dans la base de référence et 47 % ne l'ont pas utilisé. Aucune corrélation significative entre le traitement par riluzole et la baisse du score ALSFRS-R n'a été observée au cours des trois premiers mois.
Le GI et le riluzole ont interagi pour influencer la progression de la maladie

Néanmoins, l'IG et le riluzole ont interagi pour influencer la progression de la maladie. Fondamentalement, la corrélation observée précédemment, selon laquelle un régime alimentaire à IG élevé était lié à une diminution plus lente de l'ALSFRS-R au cours des trois mois de suivi, a également été observée dans le groupe riluzole, mais pas chez ceux qui ne prenaient pas le traitement oral au début de l'étude. Une corrélation similaire a été observée lors de l'évaluation du GL, du riluzole et de la progression de la maladie.

Dans le groupe riluzole, les 25 % de personnes avec l'IG alimentaire le plus bas ont affiché une baisse plus marquée des scores ALSFRS-R sur trois mois que les patients avec des IGs plus élevés. De même, les 25 % des personnes avec le GL le plus bas ont présenté des diminutions fonctionnelles plus rapides que les 25 % de personnes avec l'IG le plus élevé. Ces corrélations n'ont pas été observées dans le groupe de personnes qui n'étaient pas sous riluzole

Lors de la modélisation de la progression de l'ALSFRS-R sur six mois ou deux ans, il y avait de nouveau des preuves que l'IG était lié à des déclins fonctionnels plus lents uniquement chez celles sous riluzole.

Aucune interaction significative n'a été observée entre le GI ou le GL et le riluzole sur la survie seule, mais dans les analyses combinées des résultats prenant en compte les déclins de l'ALSFRS-R et la survie, à la fois un GI et un GL plus élevés étaient associés à de meilleurs résultats après trois mois, mais pas à des périodes ultérieures, parmi les personnes sous riluzole.

Selon l'équipe, l'ensemble des résultats «suggèrent que le riluzole et un régime à IG/GL élevé pourraient réduire le déclin fonctionnel de manière synergique au stade précoce de la maladie». 

Bien que les mécanismes sous-jacents de cette association restent inconnus, les chercheurs pensent qu'ils pourraient être liés aux effets du glucose et de l'énergie métabolique. Ils ont toutefois noté que l'interprétation des résultats est limitée par la nature observationnelle de l'étude. 

« Un essai contrôlé randomisé intégrant un biomarqueur tel que la surveillance continue du glucose est nécessaire pour examiner de manière décisive l'impact du glucose alimentaire dans la SLA », ont-ils indiqué.

Traduction: Viviane
Source: ALS News Today
 

 

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