L'état hypométabolique : un bon prédicteur d'un meilleur pronostic dans la sclérose latérale amyotrophique

15-09-2021

Résumé
Contexte: la malnutrition et la perte de poids sont des facteurs pronostiques négatifs pour la survie des patients atteints de sclérose latérale amyotrophique (SLA). Cependant, la dépense énergétique au repos (REE) n'est toujours pas incluse dans la pratique clinique, et aucune donnée n'est disponible concernant l'état hypométabolique dans la SLA.
Objectif: évaluer dans une cohorte de patients atteints de SLA la prévalence de l'état hypométabolique par rapport aux états normométabolique et hypermétabolique, et la corréler avec le phénotype clinique, le taux de progression et la survie.
Conception: nous avons mené une étude rétrospective examinant les REE mesurées par calorimétrie indirecte chez des patients atteints de SLA référés aux centres de référence de Milan, Limoges et Tours entre janvier 2011 et décembre 2017. Les états d'hypométabolisme et d'hypermétabolisme ont été définis lorsque la différence REE entre les valeurs mesurées et prédictives était ≤−10 % et ≥10 %, respectivement. Nous avons évalué la relation entre ces altérations métaboliques et les mesures de la composition corporelle, des caractéristiques cliniques et de la survie.
Résultats: huit cent quarante-sept patients atteints de SLA ont été recrutés. L'âge médian de survenue était de 63,79 ans (IQR 55,00–71,17). Le ratio homme/femme était de 1,26 (H/F : 472/375). Dix pour cent des patients atteints de SLA étaient hypométaboliques alors que 40 % étaient hypermétaboliques. L'hypométabolisme était significativement associé au besoin ultérieur de gastrostomie, de ventilation non invasive et de placement de trachéotomie. De plus, les patients hypométaboliques atteints de SLA ont survécu de manière significative aux patients normométaboliques (HR = 1,901 (IC à 95 % 1,080 à 3,345), p = 0,0259) et hypermétaboliques (HR = 2,138 (IC à 95 % 1,154 à 3,958), p = 0,0157).
Conclusion: l'hypométabolisme dans la SLA n'est pas rare et est associé à une progression plus lente de la maladie et à une meilleure survie que les sujets normométaboliques et hypermétaboliques. La calorimétrie indirecte doit être réalisée au moins au moment du diagnostic car les altérations du métabolisme sont corrélées au pronostic.

 

Traduction : Philippe Gosseries
Source : BMJ Neuromuscular

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