La SLA serait potentiellement liée aux systèmes immunitaire et nerveux central

05-10-2022

Résumé : Des chercheurs ont découvert une dysfonction au niveau des systèmes immunitaire et nerveux central dans des modèles animaux ainsi que chez des personnes atteintes de SLA4, une forme génétique, juvénile et à progression lente de SLA.

Les systèmes immunitaire et nerveux central joueraient potentiellement un rôle fondamental dans le développement de la sclérose latérale amyotrophique (SLA), également connue sous le nom de “maladie de Lou Gehrig,” rapportent des chercheurs de Mount Sinai. 

Leur étude, publiée le 22 juin dans Nature, pourrait avoir des implications significatives pour le diagnostic et le traitement de la maladie neurodégénérative dévastatrice.

Jusqu’à présent, les études de SLA s’étaient focalisées sur le système nerveux central. Or, l’équipe de Mount Sinai a rapporté des dysfonctions tant au niveau du système immunitaire qu’au niveau du système central nerveux dans des modèles animaux et chez des personnes atteintes de SLA4, une forme juvénile et à progression lente de SLA qui est causée par des mutations dans le gène SETX.

“Nous avons appris que les mutations dans le SETX doivent être exprimées dans les systèmes immunitaire et nerveux central afin de générer l’atteinte motrice chez les souris, et que cette dysfonction dans le système immunitaire adaptif caractérise la SLA4 aussi bien chez les souris que chez les êtres humains,” déclare Laura Campisi, Ph.D., professeure adjointe de microbiologie à l’Icahn School of Medicine de Mount Sinai, et co-auteure principale de l’étude avec Ivan Marazzi, Ph.D., professeur adjoint de microbiologie à l’Icahn School of Medicine de Mount Sinai.

Des preuves ultérieures de l’implication du système immunitaire, ajoute-t-elle, ont été détectées dans la concentration plus importante de cellules CD8 T – qui sont normalement impliquées dans la destruction de tumeurs et de cellules porteuses d’agents pathogènes – dans la moelle épinière et le sang périphérique de SLA4 chez des souris et des patients. Ces populations cellulaires CD8 T accrues, connues sous le nom de TEMRA (“terminally differentiated effector memory” – effecteurs mémoires avec différenciation terminale) corrèlent avec la progression de maladie de la SLA4.

La SLA est caractérisée par la mort progressive de neurones moteurs qui a un impact grave sur les aptitudes fonctionnelles des patients de bien des façons, y compris le mouvement des bras et des jambes, le langage, la déglutition et finalement la respiration. Il n’existe pas de traitement ni de remède pour la SLA.

Au fil des années, les chercheurs ont concentré leurs efforts sur les neurones, tandis que des études plus récentes ont démontré l’interaction entre les systèmes immunitaire et nerveux central, qui ont longtemps été considérés comme des compartiments séparés.

L'étude de Mount Sinai, en collaboration avec le neurobiologiste Albert La Spada, MD, Ph.D., de l’Université de Californie, Irvine, est l’une des premières à se demander si le système immunitaire adaptif, qui met en place la protection du corps lorsque celui-ci est exposé à des agents pathogènes étrangers, pourrait être lié à certaines formes de SLA.

“Il existe un grand besoin de comprendre si la neurodégénération est causée ou aggravée par une dysfonction immunitaire, ” explique le Dr. Campisi.

Dans le cadre de leur étude, les chercheurs ont analysé des échantillons de souris et d’êtres humains avec des technologies de pointe comme la cytométrie spectrale et de masse ainsi que le séquençage de cellule unique.

“Notre résultat que des signatures immunitaires particulières distinguent différentes formes de SLA pourraient être significatif pour la conception de traitements ‘personnalisés’ adaptés aux sous-groupes spécifiques de patients, ” observe-t-elle.

Un avantage supplémentaire réside dans le fait que les cellules dysfonctionnelles CDT8 T liées à la SLA4 peuvent être détectées dans le sang périphérique, qui est facilement accessible comparé au liquide céphalo-rachidien, qui requiert une procédure invasive de prélèvement.

Une autre observation de l’équipe de Mount Sinai – que les cellules TEMRA CD8 T associées à la SLA4 protègent les souris contre le gliome, un type de cancer qui se manifeste dans le cerveau – ouvre la porte à d’autres recherches thérapeutiques dans ce domaine.

“Notre découverte d’un lien entre les systèmes immunitaire et nerveux central dans la SLA4 a des implications directes pour d’autres types de SLA, d’autres maladies neurodégénératives et le cancer,” précise le Dr. Marazzi.

“En plus d’approfondir les recherches en matière de pathogenèse de SLA, notre travail met en évidence le travail de pionnier des chercheurs de Mount Sinai dans les domaines de la neuroscience et de l’immunologie.” 

Traduction : Vicky Roels
Source: Neuroscience News
 

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