Point de la situation concernant la recherche SLA et les cellules-souches

11-09-2012

Q&R avec Edward Kasarskis, MD, Ph.D

Q : A la vue des promesses enthousiasmantes de la recherche actuelle sur les cellules-souches, pourriez-vous évoquer brièvement les types de cellules-souches dont le potentiel a déjà été testé avec des pALS? 
Tina Hayes, fille de Clarence Southard, Anchorage, Alaska

R : Cette question est excellente et actuelle. S’il y a effectivement un grand potentiel d’utilisation des cellules-souches pour résoudre les problèmes des pALS, il y a encore beaucoup de travail à effectuer avant de pouvoir en bénéficier directement. On ne peut que constater que c’est très compliqué. 

Prenons l’exemple de l’unique test effectué jusqu’à présent où des cellules-souches neuronales ont été injectées directement dans la moelle épinière d’un pALS. Il a été dirigé par l’Université du Michigan, mais effectué à la ‘Emory University School of Medecine’ d’Atalanta sur 15 patients et sous le contrôle de sécurité de la FDA. Jusqu’à présent, un seul patient a montré des améliorations.

Ce test clinique consistait en l’injection d’un demi à un million de cellules-souches directement dans la moelle épinière. Les scientifiques espéraient que ces cellules pourraient réparer des cellules nerveuses et arrêter la progression de la maladie.

L’injection de cellules-souches est un processus délicat. La moelle épinière est une partie très délicate du corps humain. Chaque étape du processus est critique. Les neurochirurgiens ont fait preuve d’une habileté technique incroyable dans ce processus.

Voyons ce que ce test impliquait. Le pALS subit une opération où les chirurgiens incisent à travers peau et muscles, enlèvent une partie de l’os de la colonne vertébrale lombaire et découvrent la moelle épinière blanche en pulsations, volume équivalent à celui d’un index humain. Cette zone est utilisée souvent chez des patients ayant déjà perdu l’usage des membres inférieurs, ce qui limite les risques de perte en capacité. Si cette procédure apparait comme sûre, les praticiens pensent la déplacer vers la partie supérieure de la moelle épinière, à cet endroit le traitement pourrait être très prometteur. Mais les risques dans la moelle épinière supérieure sont beaucoup plus importants, la région contrôlant la respiration et les mouvements des membres inférieurs et supérieurs. La moelle épinière cervicale est un endroit très dense.

Les cellules-souches ont été livrées par la firme Neuralstem et ont été prélevées dans la moelle d’un fœtus avorté en 2000, puis mises et remises en culture. Elles ont ensuite été congelées en attendant d’être utilisées. Après vérification, un large pourcentage d’entre elles étaient toujours viables, elles ont été injectées directement dans la substance de la moelle épinière. A ce jour, ce test clinique a couté à peu près 2,5 millions $.

Il faudra encore des mois pour analyser les résultats de ces tests. Il faudra ensuite déterminer si les cellules-souches utilisées étaient appropriées, quelle dose devrait être injectée et à quel endroit. Il y aura de nombreuses questions pratiques à résoudre à chaque stade. Le corps rejettera-t-il ces cellules-souches en tant que corps étranger, comme c’est souvent le cas chez les transplantations? Les pALS receveurs de cellules-souches doivent-ils prendre des immunosuppresseurs et, si c’est le cas, lesquels, à quelle dose et combien de temps? Les cellules-souches, avec leur propriété de se propager, peuvent-elles devenir malignes, comme des cellules cancéreuses qui se disséminent? Comment en mesurer les progrès et l’efficacité?

Il est vraisemblable qu’il faudra des décennies avant que la technologie des cellules-souches produise des traitements de routine. Mais la recherche continue. Des découvertes importantes pourraient venir d’endroits inattendus, mais j’espère que ces quelques commentaires ont remis cette piste importante de la recherche dans sa perspective.

 

Traduction : Fabien 

 Source : The Exchange

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