Résumé des recherches au Symposium de Packard

01-10-2005

Nouvelles du front des recherches

La 5ème édition du Symposium annuel du Packard Center a eu lieu ce mois-ci

A l’extérieur, les dernières rafales de la tornade Ophelia s’éloignent du port fluvial de Baltimore.

A l’intérieur, dans la salle de conférences climatisée du petit hôtel qui a été envahi par les chercheurs de Packard, le contraste est frappant: des centaines d’yeux se concentrent dans la pénombre sur l’écran central où défilent un à un tous les chercheurs subsidiés, qui expliquent, ordinateur portable branché, le travail effectué au cours de l’année écoulée.

On dirait une réunion des Etats-Unis: accents irlandais, français, anglais, italiens, japonais, coréens, chinois, australiens, belges... veuillez mettre vos écouteurs lorsque débutent les exposés. Professeurs, directeurs d’instituts, universitaires enthousiastes en costume, kaki ou jeans.

Tous ont un point en commun: la haine de la SLA et des ravages qu’elle provoque chez les patients et leur famille. Ils secouent symboliquement leur tête parce qu’ils ne comprennent pas pourquoi la médecine a hésité tellement longtemps avant de chercher une véritable thérapie. Mus par un cocktail efficace de désintéressement, de curiosité intellectuelle et d’esprit de compétition, ils font l’impossible pour obliger la maladie à dévoiler ses secrets, découvrir où se situe la vulnérabilité initiale du corps, déceler les anomalies et essayer de les faire disparaître en développant un traitement efficace.

J’ai assisté, comme rapporteur du centre, aux cinq symposiums. Chaque session (de deux jours) m’a donné une impression différente. La première en était une d’attente, les chercheurs ne partageant que parcimonieusement leurs découvertes avec leurs concurrents potentiels. La seconde était plus euphorique, puisque j’ai pu constater que l’approche de Packard semblait la bonne. Au terme des symposiums, l’optimisme est chaque année de rigueur parce que les progrès sont indéniables.

Le récent symposium a toutefois été de loin le meilleur, vraiment. Car cette année-ci le lieu où je travaille semble plus que jamais avoir créé une communauté scientifique typique pour des gens qui effectuent des recherches dans le même domaine. Si le groupe des 31 chercheurs et des post-universitaires connaît maintenant bien le travail de ses collègues, c’est peut-être grâce aux réunions de recherches mensuelles.

A chaque symposium, les chercheurs étendent leur collaboration. Ils partagent des modèles animaux et des anticorps, comme des voisins qui se prêtent des outils. La confiance réciproque a grandi avec le temps. L’approche porte sans nul doute ses fruits.

Voici le résumé des communications qui ont été faites cette année.

- Jeffrey Johnson a découvert une façon d’activer un disjoncteur de cellule, qui déclenche toute une série de protections lorsque la cellule est attaquée. En augmentant la disponibilité de l’agent qui doit activer le disjoncteur, il a obtenu de bons résultats sur des animaux porteurs de la SLA.

- En observant un gène très important dans la ‘voie sans retour programmée” ou apoptose (processus au cours duquel les cellules nerveuses dépérissent dans le cerveau), Ron Oppenheim a eu la conviction qu’il pourrait sauver les motoneurones animaux chez les souris porteuses de la SLA et donc prévenir les conséquences de la maladie s’il éliminait ce gène. Il a finalement découvert que malgré le fait que le blocage de l’apoptose permettait aux motoneurones de survivre, leurs connections avec les muscles continuaient à être détruites. Bien que survivant plus longtemps, les animaux finirent quand même par mourir. Selon Oppenheim, nous devons retenir de ceci que les connections neuromusculaires perturbées jouent probablement un rôle important dans la SLA, ou tout au moins dans les modèles SOD1 de la maladie.

- En suivant la méthode utilisée par d’autres chercheurs pour examiner les vaccins pour les patients qui souffrent de la maladie d’Alzheimer, Jean-Pierre Julien a franchi un pas en avant dans le développement d’un vaccin pour la mutation SOD1 de patients atteints de la SLA familiale. Il prétend que les premiers essais sur les animaux porteurs de SLA sont encourageants.

- Richard Ransohoff s’est concentré sur ce qui ressemble à la capacité utile des neurones des microglies, les cellules immunitaires internes du système nerveux. Une microglie suractive blesse les neurones environnants, également en cas de SLA.

- Rick Huganir a illustré la façon dont le corps produit, recycle et retire à l’extrémité des neurones des récepteurs moléculaires au glutamate. Comme le surplus de glutamate peut en cas de SLA endommager l’extrémité et le reste du neurone, Huganir suppose que la réduction du nombre de récepteurs pourrait offrir temporairement une stratégie neuroprotectrice. Il a développé un modèle de système de culture, qui lui permet de tester ses déductions.

- Les neurotrophines sont des molécules qui jouent un rôle important dans le développement, la survie et la mort des cellules du système nerveux. En étudiant ces neurotrophines au cours de l’année écoulée, Moses Chao et Marco Domeniconi se sont concentrés sur les molécules “souches” plus longues. Ils ont constaté que ces neurotrophines plus longues qui manquent de maturité constituent un poison pour les nerfs. Ils ont également découvert que l’équilibre entre les neurotrophines mûres et celles qui ne le sont pas détermine la croissance ou la dépérition de la cellule nerveuse. En cas de SLA, la balance penche en faveur des molécules virulentes qui n’ont pas atteint la maturité.

- Yimin Zou a réalisé de réels progrès dans la compréhension des techniques utilisées par le corps pour inciter les motoneurones à pousser dans la bonne direction en allant de la moelle épinière vers les muscles. Il a identifié les molécules spécifiques qui freinent ce processus dans une moelle épinière adulte qui a subi une lésion. Cette découverte, qui permettra peut-être des actions préventives, peut avoir de l’importance au niveau de la réparation des dégâts causés par la SLA.

- Les études cliniques sur la SLA sont traditionnellement orientées sur la recherche d’une thérapie qui pourrait aider tant les patients de la SLA sporadique que ceux qui sont atteints de la forme familiale de la maladie. Jonathan Glass prétend qu’en agissant ainsi, on peut déjà – rien qu’à cause de la façon dont l’étude a été conçue - avoir oublié certains agents qui peuvent apporter une aide spécifique en cas de forme familiale.

- Nicholas Maragakis et Mahendra Rao examinent si la sensibilité à la SLA augmente lorsqu’on réduit le nombre des molécules transporteuses qui éliminent le glutamate virulent des synapses du système nerveux. Ils ont démontré que les animaux porteurs de la SLA qui disposaient de moins de gènes pour fabriquer des transporteurs présentaient des dégâts plus importants de la moelle épinière et avaient une durée de vie plus courte.

- Ahmet Hoke a découvert une molécule importante que le corps utilise de nature pour protéger des cellules nerveuses endommagées contre un dépérissement total. Des études sur des cultures de moelle épinière prouvent que le traitement des cellules avec cet agent permet de les protéger contre un neuro-poison qui imite la SLA. L’agent stimule également la croissance normale du nerf. Ces deux capacités pourraient avoir leur utilité dans le rétablissement des dégâts causés par la SLA.

- En faisant appel à des techniques raffinées, Hongjun Song est parvenu à isoler et à cultiver des cellules souches de la moelle épinière et du cerveau humains, ainsi que des cellules souches situées aux mêmes endroits chez des souris saines et des souris porteuses de la SLA. Les techniques développées par Song permettront non seulement de produire un grand nombre de cellules pour l’étude de thérapies potentielles, mais le fait qu’on connaît leur signature et leurs caractéristiques biochimiques offrira également aux chercheurs la possibilité de développer des cellules qui pourraient être adaptées à l’examen des différentes théories qui existent sur les causes de la SLA et sur la manière dont la maladie tue les cellules.

- Pour essayer de déterminer dans le système nerveux l’endroit où la SLA frappe en premier lieu, Don Cleveland a ajouté la microglie à ses examens systématiques. Il a démontré que la purification d’un nombre raisonnable de microglies du mutant SOD1 allonge considérablement la durée de vie, ce qui est un signe indéniable que ces cellules jouent un rôle dans la maladie.

Source: www.alscenter.org

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