Thérapie Antisense en SLA

11-04-2013

Le Lancet Neurology a eu une multitude d'articles récents sur la sclérose latérale amyotrophique (SLA). La plus récente était une étude de phase 1 par Miller et coll. montrant qu'un oligonucléotide antisense spécifique d’ ISIS pharmaceuticals appelé ISIS 333611 est sûr chez des volontaires sains et donne ainsi feu vert pour l'étape suivante notamment étudier le produit dans sa population visée – les patients SLA qui ont une mutation SOD1 (env. 13 % - 20 % des patients SLA type familiale étant 2 % de tous les patients). Dans leur première étude phase 1 chez l'homme, Miller et ses collègues ont comparé les perfusions par voie intrathécale d'ISIS 333611 à 4 doses (0,15 mg, 0,50 mg, 1,50 mg, 3,00 mg) chez 24 volontaires sains et un placebo (n = 8). L'étude a révélé qu’ISIS 333611 est sûr et bien toléré; les événements les plus courants étaient le syndrome de la ponction post-lumbaire (3/8 [38 %] vs 8/24 [33 %]), la lombalgie (4/8 [50 %] vs 4/24 [17 %]) et les nausées (0/8 [0 %] vs 3/24 [13 %]). Les auteurs de l'étude ont conclu que les oligonucléotides antisenses, délivrés dans le CNS peuvent être un traitement possible pour les troubles neurologiques.

Dans un commentaire accompagnant l'étude, le Dr Pietro Fratta de l'Institut de Neurologie de l'University College de Londres a noté que cette étude est importante car elle montre

1) la faisabilité d'essais cliniques dans cette maladie définie mais rare
2) que les prédictions de thérapie oligoneucleotide antisense provenant d'études animales (singe rhésus) sont fiables
3) aucun effet indésirable notable après traitement antisense

Dr. Fratta a en outre déclaré que l'étude de Miller et al « ouvre la voie pour l'application des oligonucléotides antisenses à d'autres formes génétiques de la sclérose latérale amyotrophique et maladies neurodégénératives ». Ce sont des développements passionnants pour les patients ainsi que pour ceux qui étudient les thérapies antisenses. Nous sommes impatients de voir plus d’ISIS 333611.

Deux autres articles concernant la SLA du Lancet Neurology n'étaient pas aussi optimistes. Tout d'abord, le groupe d'étude d’UKMND-LiCALS a signalé que le lithium, dans leur essai multicentrique phase 3, randomisé, en double-aveugle, contrôlé contre placebo a été inefficace pour aider les patients SLA. En outre, un examen par Goldstein et Ahmad a signalé que la déficience cognitive chez les patients SLA est probablement plus importante qu’à première vue et qu'un syndrome fronto-temporale se développe dans une proportion importante des patients. Malheureusement, par la dégradation physique des patients SLA il est souvent difficile d'évaluer correctement les changements cognitifs qui se produisent et de meilleurs instruments de dépistage sont nécessaires pour évaluer correctement les changements cognitifs qui tiennent compte de la détérioration.

Cette détérioration peut-être cependant liée à d'autres maladies neurodégénératives. Une analyse par Turner et coll. a noté que la découverte que le gène C9orf72 lie la SLA avec la dégénérance lobaire fronto-temporale peut changer la façon dont nous considérons ces patients. Cette analyse nous rappelle également que des études sur les maladies rares font de plus en plus preuve de leur importance pour notre compréhension des maladies rares, mais aussi les maladies plus communes.

La sclérose latérale amyotrophique (SLA) est une maladie neurodégénérative progressive qui affecte les cellules nerveuses dans le cerveau et la moelle épinière. Les neurones moteurs lient le cerveau à la moelle épinière et la moelle épinière aux muscles partout dans le corps. Une faiblesse ou une raideur musculaire sont les premiers symptômes de la SLA. La faiblesse progresse, conduisant à l'atrophie et la paralysie des muscles des membres et du tronc ainsi et des fonctions vitales comme la parole, la déglutition et finalement, la respiration. L’espérance de vie suivant le diagnostic d’un patient SLA est de 2 à 5 ans, cependant, certains peuvent vivre plus longtemps. Selon l’Association ALS, 5 % des patients SLA survivent 20 ans après le diagnostic. Les deux principaux types de SLA sont: 1) sporadique (90 à 95 % des cas) et 2) familial (5 à 10 % des cas). Environ 5 600 personnes sont diagnostiqués avec la SLA chaque année et 30 000 sont atteintes à un moment donné aux Etats-Unis.

Notez: Bien qu'il semble qu’ISIS n'a pas de plans actuels pour continuer à développer ISIS 333611, lors du 23ième Symposium International Annuel de SLA/MND, deux groupes différents ont annoncé qu'ils travaillent indépendamment avec ISIS à développer des thérapies à base d'oligonucléotides antisense ciblant le C9ORF72.

 

Traduction : Ligue SLA : Anne

Source : Rare Disease Report

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