Effet de l’indice de masse corporelle présymptomatique et consommation de graisse et d’alcool sur la sclérose latérale amyotrophique

27-08-2015

RESUME

Importance
Parce que l’alimentation peut influencer les mécanismes pathophysiologiques dans la sclérose latérale amyotrophique (SLA) sporadique, l’association entre l’alimentation prémorbide et le risque de SLA sporadique offrira un aperçu des mécanismes qui joueraient un rôle dans la pathogénèse de la SLA.

Objectif
Déterminer systématiquement l’association entre l’apport alimentaire prémorbide et le risque de SLA sporadique.

Conception, cadre et participants
Une étude-témoin basée sur la population a été menée au sein d’une communauté aux Pays-Bas du 1er janvier 2006 au 30 septembre 2011. Une analyse a été menée entre le 1er avril 2013 et le 15 novembre 2014. Tous les patients ayant nouvellement été diagnostiqués avec la SLA possible, probable (étayé par le laboratoire) ou certaine, conformément aux critères El Escorial révisés, ont été inclus et de multiples sources ont été utilisées afin de garantir la détermination complète des cas. Sur les 986 patients éligibles, 674 ont fourni un consentement éclairé et ont renvoyé un questionnaire complet; 2093 contrôles choisis au hasard parmi les registres des médecins généralistes et la fréquence liée au sexe et âge des patients ont été inclus.

Principaux résultats et mesures
Nous avons étudié l’apport de nutriments prémorbide en association avec le risque de SLA en utilisant un questionnaire de fréquence alimentaire contenant 199 articles, ajusté pour tenir compte des facteurs de confusion et corrigés pour de multiples comparaisons tout en minimisant le biais de rappel.

Résultats
L’apport énergétique quotidien total présymptomatique chez les patients, rapporté comme moyenne (SD), a été significativement plus élevé comparé aux contrôles (2258 [730] vs 2119 [619] kcal/jour; P < .01), et l’indice de masse corporelle présymptomatique (calculé en divisant le poids en kilogrammes par la taille en mètre carré) était significativement inférieur chez les patients (25.7 [4.0] vs 26.0 [3.7]; P = .02). Avec des valeurs déclarées comme probabilités (95% CI), une consommation prémorbide plus élevée d’une quantité totale de gras (1.14; 1.07-1.23; P < .001), de gras saturés (1.43; 1.25-1.64; P < .001), d’acides gras trans-artificiels (1.03; 1.01-1.05; P < .001) et de cholestérol (1.08; 1.05-1.12; P < .001) a été associée avec un risque accru de SLA; une consommation d’alcool plus élevée (0.91; 0.84-0.99; P = .03) a été associée à un risque réduit de SLA. Ces associations étaient indépendantes de l’apport énergétique total, de l’âge, du sexe, de l’indice de masse corporelle, du niveau d’éducation, du fait de fumer ou non et de l’activité physique permanente. Aucune association significative entre l’alimentation et la survie n’a été trouvée.

Conclusions et pertinence
La combinaison d’associations positives indépendantes d’un faible indice de masse corporelle prémorbide et d’une alimentation riche en graisses avec la preuve préalable de SLA de modèles de souris transgéniques pour SOD1 et des rapports antérieurs sur l’indice de masse corporelle prémorbide confirment un rôle pour les dépenses énergétiques accrues au repos avant l’apparition clinique de la SLA.

 

Traduction : Brigitte Vanden Cruyce

Source : JAMA Neurology

 

Les personnes atteintes de la SLA peuvent consommer plus de calories, mais peser moins

Par Rachael Rettner, Rédactrice en chef 

On sait que les personnes souffrant de la sclérose latérale amyotrophique (SLA) éprouvent des changements dans leur métabolisme après leur diagnostic. Ainsi, par exemple, ils brûlent plus de calories au repos. Mais une nouvelle étude menée aux Pays-Bas suggère que ces changements se manifestent avant même que les patients ne montrent des symptômes de la maladie.

Cependant, d’après les experts, il est trop tôt pour savoir si ces changements représentent une cause ou un effet de la maladie.

Dans le cadre de l’étude, les chercheurs ont sondé environ 670 personnes atteintes de la SLA peu après leur diagnostic. Les patients ont été invités à noter les aliments qu’ils consommaient au cours du mois précédant l’apparition des symptômes. Leurs réponses ont été comparées à celles de 2.000 autres personnes de la population générale n’ayant pas développé la SLA.

Les chercheurs ont constaté qu’avant l’apparition des symptômes, les personnes souffrant de SLA avaient un apport calorique plus élevé — consommant en moyenne 2.258 calories par jour — que ceux qui n’avaient pas développé la SLA qui consommaient en moyenne 2.119 calories par jour. Mais malgré une consommation calorifique plus élevée, les patients SLA avaient une moyenne légèrement moins élevée de masse corporelle (IMC) avant l’apparition des symptômes en comparaison avec ceux qui n’ont pas développé la maladie.

D’autre part, l’étude a démontré que les personnes ayant développé la SLA ont consommé un peu plus de graisses et de cholestérol et un peu moins d’alcool que ceux n’ayant pas développé la maladie.

L’étude ayant été menée à un moment précis, les chercheurs ne peuvent dire si l’un de ces aspects de l’alimentation des personnes pourrait être une cause de la SLA ou s’ils sont des effets engendrés par la maladie.

Mais les constatations supportent l’idée « qu’un métabolisme de l’énergie modifié peut déjà être présent chez les patients souffrant de SLA présymptomatique, » ont déclaré les chercheurs du Centre médical universitaire d’Utrecht.

Dr Robert Baloh, directeur du ALS Program and Neuromuscular Medicine au Cedars-Sinai Medical Center à Los Angeles, a déclaré que la recherche comme la nouvelle étude est importante étant donné qu’on connaît peu de choses sur la façon dont l’alimentation des gens et les autres facteurs environnementaux peuvent influencer le risque de développer la SLA.

Cependant, les patients englobés dans la nouvelle étude ont été interrogés sur leur alimentation à peine un mois avant de présenter des symptômes, et à ce moment-là les patients souffraient déjà très certainement de la SLA, a déclaré Baloh.

« Ce changement dans les habitudes alimentaires et de métabolisme pourrait juste refléter les stades précoces de SLA plutôt qu’avant qu’ils soient atteints de la SLA », a déclaré Baloh, qui n’a pas participé à l’étude.

Il serait intéressant de savoir si ces changements métaboliques étaient présents de nombreuses années avant qu’une personne ait développé la SLA, a déclaré Baloh à Live Science. Mais il est difficile d’examiner cette question: la SLA étant une maladie rare, les chercheurs devraient suivre des centaines de milliers de personnes pendant de nombreuses années pour se retrouver avec quelques patients ayant développé la maladie, a déclaré Baloh.

Les études menées sur des souris et des personnes ont montré que celles atteintes de SLA dépensent plus d’énergie lorsqu’elles sont au repos. Une consommation de graisses plus élevée par les patients SLA peut être la manière du corps de compenser cette dépense énergétique accrue pour que les personnes ne perdent ni du poids, ni de la masse musculaire, ont déclaré les chercheurs.

Cependant, il est également possible qu’une alimentation riche en graisses puisse causer l’accroissement de la dépense énergétique au repos, ont-ils déclaré.

« Il demeure incertain de savoir si ces constatations font partie d’une série d’événements pathogènes dans la SLA ou si elles se produisent chez les personnes qui développent déjà la maladie », ont déclaré les chercheurs. Pour déterminer la raison du lien, de futures études doivent suivre les patients dans le temps, ont-ils déclaré.

De même, l’étude ne peut affirmer pourquoi une consommation d’alcool plus élevée était liée à une diminution du risque de la SLA, mais quelques études antérieures ont révélé que les antioxydants dans le vin rouge offrent une protection contre la mort cellulaire cérébrale. (Chez les patients SLA, les neurones du cerveau et de la moelle épinière contrôlant les mouvements volontaires dégénèrent ou meurent.)

Les chercheurs ont relevé que les participants à l’étude ont été invités à se rappeler des aliments qu’ils avaient consommés le mois précédent, ce qui pourrait falsifier la situation si les intéressés s’étaient trompés dans leurs souvenirs.

Baloh a également rapporté que les personnes diagnostiquées avec la SLA pourraient être plus vigilantes que le public général quant aux événements survenus le mois précédant leur diagnostic, ce qui pourrait biaiser les résultats.

 

Traduction : Brigitte Vanden Cruyce

Source : Live Science

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