L'équipe du Project MinE confirme le lien entre une mutation génétique et le développement de la SLA

23-03-2018

KIF5A

Une équipe de chercheurs internationaux, renommés pour leurs travaux sur la sclérose latérale amyotrophique (SLA), a établi un lien définitif entre la maladie et le gène 5A (KIF5A) de la famille kinésine. Par le passé, l'implication de ce gène dans deux maladies dégénératives rares avait déjà été démontrée. Les scientifiques ont découvert que des mutations du KIF5A pouvaient compromettre le transport de protéines clefs le long des axones filiformes permettant aux cellules nerveuses de circuler entre le cerveau et la moelle épinière, et provoquer les symptômes neuromusculaires caractéristiques de la SLA.

Cette étude, publiée le 21 mars 2018 dans le magazine Neuron, a été menée par Bryan Traynor, M.D., Ph.D.,de l'Intramural Research Program du National Institute on Aging (NIA) — qui fait partie du regroupement National Institutes of Health (NIH) aux États-Unis — et John Landers, Ph.D., de l'University of Massachusetts Medical School, à Worcester. Le NIA, leNational Institute of Neurological Disorders and Stroke (NINDS, également membre du NIH) ainsi que plusieurs organismes publics et privés ont financé le projet. Des données génétiques recueillies par des équipes scientifiques du monde entier ont été utilisées pour cette étude.

Une action concertée et un effort général ont été nécessaires pour analyser la quantité considérable de données et identifier le gène KIF5A comme acteur potentiel du développement de la SLA. Ainsi, l'équipe du NIH a réalisé une étude d'association du génome à grande échelle tandis que celle de l'Université du Massachusetts s'est concentrée sur l'analyse de variantes rares dans des données de séquence de nouvelle génération. Plus de 125 000 échantillons ont servi à cette étude, ce qui en fait de loin la plus importante réalisée à ce jour.

« Le travail d'équipe extraordinaire qui a rendu cette étude possible démontre bien l'importance de la collaboration scientifique à travers le monde, notamment dans le cadre de la recherche sur des maladies dévastatrices telles que la SLA, » a déclaré Richard J. Hodes, M.D., directeur du NIA. « La collecte et l'analyse conjointes des données nous permet d'identifier les mécanismes sous-jacents des maladies et de développer de nouvelles approches de traitement et de prévention. »

Le gène KIF5A contrôle en partie les protéines de la famille kinésine qui jouent le rôle de minuscules moteurs intracellulaires. Il a été démontré qu'un dysfonctionnement au niveau de ces protéines pouvait avoir un impact sur la SLA et les maladies de Parkinson et d'Alzheimer. Des mutations du KIF5A avaient déjà été mises en cause dans deux autres maladies dégénératives présentant des symptômes similaires à ceux de la SLA (affaiblissement musculaire, raidissement, spasticité) : la paraplégie spastique familiale de type 10 (SPG10) et la maladie de Charcot-Marie-Tooth de type 2 (CMT2). Les scientifiques soupçonnaient le gène KIF5A d'avoir un impact sur la SLA, mais ils n'avaient rien pu prouver jusqu'à maintenant.

Comme le précise Bryan Traynor : « Les axones s'étendent du cerveau jusqu'au bas de la moelle épinière, ils forment l'une des plus longues voies cellulaires du corps. » « Le KIF5A participe au déplacement de protéines et d'organites (parties spécialisées des cellules) clefs le long du système de transport axonal. C'est comme s'il contrôlait le moteur de semi-remorques parcourant le système nerveux sur toute sa longueur. La mutation perturbe ce système et cause les symptômes observés chez les patients atteints de SLA. »

Bien qu'il s'agisse d'une découverte majeure, Bryan Traynor préfère rester prudent, car il y a encore beaucoup à faire : «Il est peu probable qu'il s'agisse d'une cause génétique de SLA très répandue, mais c'est une piste qui pourrait nous permettre de mettre au point de nouvelles thérapies géniques. »

Selon lui, les scientifiques vont maintenant devoir étudier plus en détail la fréquence et l'emplacement des mutation du KIF5A et déterminer quelles sont les semi-remorques concernées par ces dysfonctionnements. Il espère ainsi identifier les aspects du transport axonal, essentiels au maintien de la cellule.

La Ligue SLA Belgique a contribué au financement de la branche belge du Project MinE, permettant aux chercheurs de l'université KU Leuven et de l'institut de recherche VIB d'être les premiers à atteindre leurs objectifs.

L'article scientifique peut être consulté dans sa totalité ici (en anglais).

 

Source : The National Institute on Aging

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