La maladie neurodégénérative SLA affecte aussi les facultés mentales

17-09-2018

Contrairement à ce que l'on pensait jusqu'à présent et selon ce que les experts soupçonnent depuis un certain temps, les patients atteints de la sclérose latérale amyotrophique (SLA), qui ne présentent pas de troubles du comportement ou de troubles cognitifs dans leur phase initiale, peuvent encore évoluer ultérieurement. C'est ce que démontre une nouvelle étude publiée dans le numéro en ligne du 12 septembre 2018 de ‘Neurology’, la revue médicale de l'American Academy of Neurology.

«Malheureusement, nous avons constaté que les personnes atteintes de la SLA ont des problèmes de capacités intellectuelles et de comportement, comme l'apathie, des changements de comportement alimentaire et des comportements excessifs, même dans les premiers stades de la maladie», a expliqué Sharon Abrahams, professeur à l'Université d'Édimbourg. «Dans la phase finale de la maladie, seul un faible pourcentage de personnes est épargné par ces problèmes cognitifs et comportementaux». Selon Abrahams, les personnes atteintes de la SLA devraient faire l'objet d'un dépistage systématique de ces problèmes. «Les personnes atteintes de la SLA et leurs aidants proches doivent également être informés que les changements des capacités intellectuelles comme la pensée, la réflexion, et de comportement sont inhérents à la SLA afin qu'ils puissent prendre les mesures nécessaires».

L'étude portait sur 161 personnes atteintes de la SLA et 80 personnes qui n'en étaient pas atteintes. Tous les participants ont été examinés pour leurs capacités de raisonnement et on a demandé aux participants ou à leurs soignants d'être attentifs aux symptômes comportementaux tels que l'apathie et la perte de sympathie ou d'empathie. Les patients atteints de la SLA ont été divisés en groupes selon le stade de la maladie dans lequel ils se trouvaient, et qui est déterminé par le nombre de régions du corps touchées par la maladie. Ces régions sont les membres supérieurs, les membres inférieurs, la moelle épinière allongée, les muscles qui influencent la parole et la déglutition, la respiration et l'alimentation. La phase 1 concerne une région, la phase 2, deux régions, la phase 3, trois régions et la phase 4 lorsque la respiration ou l'alimentation est affectée de telle sorte que des interventions comme la respiration ou l'alimentation par intubation sont nécessaires.

Les personnes atteintes de la SLA ont obtenu des scores inférieurs à ceux du groupe témoin à tous les tests de pensée, à l'exception de la capacité visuelle et spatiale, qui n'est pas connue pour être affectée par la SLA. Dans l'ensemble, 29 pour cent des personnes atteintes de la SLA avaient des problèmes de capacité de raisonnement, d'aisance d'élocution, de difficulté à dresser une liste de mots commençant par la même lettre, et de fonctionnement d'exécution d'une tâche, comme le fait d'accorder de l'attention à deux choses différentes en même temps.

Sur les 149 personnes atteintes de la SLA, 45 pour cent n'avaient aucun problème de comportement, 22 pour cent avaient un symptôme, 14 pour cent avaient deux symptômes et 20 pour cent avaient trois symptômes ou plus. L'apathie était le symptôme le plus fréquent, avec 31%, la perte de sympathie ou d'empathie se produisant à 28 % et les changements dans le comportement alimentaire à 25 %. Les chercheurs ont également constaté que les gens avaient davantage de problèmes de capacité de raisonnement et présentaient un plus grand nombre de symptômes comportementaux aux stades plus avancés de la maladie. Aux étapes 1 et 2, 20 et 21% avaient des problèmes de pensée, tandis qu'à l'étape 3, 33% avaient des problèmes, et 40% à l'étape 4. En ce qui concerne les problèmes de comportement, 18% ont été affectés au stade 1, 27% au stade 2, 36% au stade 3 et 65% au stade 4. Abrahams dit que les personnes dont la région bulbaire était affectée par la maladie étaient plus susceptibles d'éprouver des problèmes de capacité de raisonnement et de troubles du comportement.  La dernière phase est relativement courte, ce qui signifie que la plupart des patients fonctionnent mentalement assez bien presque jusqu'au dernier moment. La SLA touche environ 6 à 7 personnes sur 100.000 et se retrouve partout dans le monde. La plupart des patients sont atteints de la SLA vers l'âge de 60 ans. En Belgique, environ 1.000 patients atteints de la SLA vivent et 200 meurent chaque année. Un patient atteint de la SLA meurt en moyenne 33 mois après le diagnostic d'une paralysie des voies respiratoires ou des muscles de la déglutition.

 

Source : MediQuality

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