Cytokinetics est sur la bonne voie, ses données sur la SLA redonnent de l'espoir

17-02-2011

Il n'est pas rare que les chercheurs qui travaillent sur des essais cliniques s'enthousiasment face à leurs propres résultats. Toutefois, les observations réalisées lors de la phase intermédiaire des études sur le médicament CK-357 (CK-2017357) de la firme Cytokinetics (CYTK) ont créé un véritable buzz.

La phase IIa de l'étude était assez courte. Néanmoins, les experts invités au 21e Symposium international sur la SLA/MND ont, pour la première fois, constaté des améliorations encourageantes de la force et de la fonction musculaires chez les patients atteints de SLA. Les effets à long terme devront encore être démontrés et le médicament a encore un long chemin à parcourir. Cependant, Cytokinetics dispose de moyens suffisants pour l'année prochaine et va donc se diriger rapidement vers une étude de preuve de concept avec des résultats fonctionnels supplémentaires.

La fonction musculaire

Le CK-357, activateur de troponine squelettique, un complexe protéique impliqué dans la contraction des muscles, est destiné à augmenter la qualité de vie des patients atteints de SLA en améliorant le fonctionnement musculo-squelettique sous-maximal, c'est-à-dire les mouvements musculaires quotidiens qui ne requièrent normalement pas des dépenses énormes d'énergie.

Par contre, le seul médicament approuvé pour la SLA, le riluzole, a pour but de prolonger la durée de vie mais pas de supprimer les symptômes (Therapeutic focus – ALS field entering pivotal stage, 2 août 2010).

Pour les patients souffrant de cette maladie incurable et progressivement débilitante, la capacité d'effectuer des tâches simples, comme s'alimenter soi-même, constitue sans doute le facteur le plus déterminant de leur bien-être et de celui de leurs proches.

Les données de la phase I communiquées plus tôt dans l'année ont montré que le CK-357 augmentait la contraction des muscles chez les sujets sains.

La phase IIa de l'essai comptait 67 patients et consistait en l'étude de doses uniques du médicament. Elle a montré que 29 des 65 patients qui prenaient la dose la plus importante, 500 mg, se sentaient mieux six heures après le traitement, comparé à 18 patients sur 63 à qui l'on a donné un placebo. Cette différence est considérée comme statistiquement significative. Les chercheurs ont également réalisé d'autres observations, dont l'évaluation fonctionnelle de la SLA, la force de préhension et la force de préhension sous-maximale, la fatigue lors de l'extension de l'épaule et la pression inspiratoire sniff, bien qu'il ne s'agissait pas d'objectifs principaux. Le médicament a augmenté la force de préhension et l'endurance, ainsi que la pression inspiratoire de façon dose-dépendante.

Toutefois, les informations disponibles sur l'endurance et les doses répétées sont limitées. En effet, les chercheurs ont signalé qu'ils n'étaient pas certains des conséquences de l'amélioration de la fonction musculaire sur le maintien des nerfs qui innervent le muscle.

La direction de Cytokinetics a reconnu que l'essai à dose unique était limité. Elle garantit des données de l'échelle fonctionnelle SLA provenant d'essais de preuve de concept à doses multiples à long terme.

Profil sûr

Le profil d'innocuité s'avérait prometteur car aucun abandon n'était lié au médicament. Seuls 12% des effets secondaires neurologiques étaient de nature modérée. La plupart consistaient en vertiges mais sans augmentation des chutes réelles. 88% des effets secondaires étaient légers. Des études plus longues établiront si une utilisation chronique du médicament accentue ou, au contraire, atténue ces effets.

Prof. Robert Miller, expert invité, a souligné que ces améliorations étaient plus encourageantes que celles qu'il avait pu observer sur les milliers de patients atteints de SLA qu'il a traités.

« L'idée que nous pourrions améliorer la force et la fonction musculaires est vraiment époustouflante », a-t-il déclaré. « Je me rends compte que nous ne disposons pas d'assez de preuves pour l'affirmer, mais ces données me font penser que c'est possible. Ce que nos patients désirent continuer à faire, c'est être capables de se laver, de s'habiller et de se nourrir par eux-mêmes. Il s'agit d'activités sous-maximales, extrêmement importantes. »

Début de l'année prochaine, une étude de preuve de concept d'une durée de 3 mois, comportant des résultats fonctionnels supplémentaires, dont des effets respiratoires, fournira des conseils pour la conception de la phase III.

« Preuves d'efficacité »

La chute de 22% du cours de l'action de Cytokinetics lundi, à l'annonce de l'essai, pourrait s'avérer trompeuse. Certains investisseurs ont pu être déçus par le manque de mise à jour des projets de partenariat de la société, ce qui indique que celle-ci pourrait se voir contrainte d'assumer les risques liés à des essais cruciaux longs et coûteux.

Toutefois, lorsque Cytokinetics a annoncé, la semaine dernière, que des données de « preuve d'efficacité » seraient présentées à la conférence, le cours de l'action a augmenté de 34%, pour atteindre $2,93. La hausse soudaine du cours de l'action, la semaine dernière, signifie que la prise de bénéfices constitue probablement un des facteurs de la vente d'hier, alors que l'action se négocie toujours au-dessus du prix de la semaine dernière, actuellement à $2,30.

Dans une interview à EP Vantage, Gregory Wade de Wedbush Securities a expliqué qu'il pensait que la chute résultait d'une simple prise de bénéfices.

« Nous pensions que les données étaient positives », continue-t-il en expliquant que ces résultats bénéficieront à l'entreprise pour un partenariat. Wedbush pense, en effet, qu'un tel partenariat pourrait être mis en place avant l'établissement de la preuve de concept, peut-être même avant la fin de l'année.

Si ces premiers signes se confirment dans le long terme, le CK-357 pourrait se révéler être un inhibiteur très important des symptômes de la progression de la maladie. Les participants à la conférence pensent que son mécanisme pourrait s'appliquer à toutes sortes de patients atteints de la maladie et qui souffrent de fonte musculaire et de fatigue. La phase IIa « Preuves d'efficacité » d'un autre essai se déroule actuellement sur des patients atteints de claudication (boitement) associée à la maladie artérielle périphérique.

Dans le cas où la firme souhaiterait mettre en avant le médicament seule, Cytokinetics devrait lever des fonds l'année prochaine. Si d'autres données positives sont publiées l'année prochaine, des options de partenariat pourraient recevoir un grand coup de pouce. Toutefois, si la firme trouvait un partenaire avant la nouvelle année, la nouvelle serait douce aux oreilles des investisseurs.

Traduction : Céline Maes

Source: ALS Independence

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